
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en France. Couvrant dix ans de carrière, l’événement donne à voir l’évolution de cette figure de la scène américaine contemporaine.
« On voit des photographies que j’ai publiées dans des magazines et des portraits. C’est souvent au cours de mes voyages que j’ai des idées de collaborations », explique Tyler Mitchell à l’entrée de sa nouvelle exposition, Wish This Was Real, qui prend place à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 25 janvier prochain. Les murs qui l’entourent, peints dans un rose tendre pour l’occasion, font ressortir les nuances vives ou pastel de ses tirages déjà bien connus de la scène contemporaine du 8e art. La rétrospective revient sur son parcours en partant de ses études. Elle commence ainsi avec une vidéo réalisée à ce moment-là, en 2015, qui titre d’ailleurs l’événement. La première salle s’attarde également sur une période très importante de sa vie, celle qui lui a à la fois donné un sentiment d’appartenance et goût au médium. « Mon point d’entrée dans la créativité s’est fait à travers les films et le skateboard », souligne-t-il. Le public fait alors face à des compositions peuplées de jeunes skaters, loin des représentations figées de la communauté noire. À l’image, ils s’épanouissent librement dans des décors lumineux.
Des expérimentations plurielles
En jouant avec les codes du portrait formel, Tyler Mitchell offre des pistes d’interprétation de ses images au-delà de la mode, milieu dans lequel il officie, et de l’identité. Dans une deuxième salle aux murs bleu ciel, il s’intéresse à la relation au territoire en convoquant la tradition picturale et pastorale de l’art américain. Rêves et mémoire s’entremêlent ici pour aborder les réalités politiques des États-Unis. Dans un dernier espace, de couleur crème, l’idée de famille, de fraternité prédomine. En représentant l’intérieur de foyers de personnes issues de la communauté noire, il transforme les habitations en des galeries privées, en des lieux de réinvention collective. D’un aspect formel, les expérimentations sont plurielles. Il y a le miroir et ses « multiples strates de perspectives » ou encore le textile et ses jeux d’opacité ou de transparence. Les œuvres évoluent ainsi selon le mouvement. Il nous faut tourner autour, prendre le temps de les observer sous tous les angles pour mieux les appréhender. Avec douceur et poésie, elles rappellent, tout compte fait, qu’un même sujet peut avoir autant de représentations que de regards qui se posent sur lui.

