Un village imaginaire

04 mai 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Un village imaginaire

Le photographe grec Petros Efstathiadis est l’un des lauréats du Prix HSBC 2018. Son livre, Liparo, fait écho à sa série Gold Rush, présentée lors du concours. Un projet qui met en scène un village étrange, sculpté par l’artiste.

Petros Efstathiadis aime jouer avec notre perception. Pensé en couches successives, son travail mélange la photographie et l’art plastique, et s’inspire du cinéma comme de la politique internationale. C’est à cheval entre deux univers que le photographe construit son propre territoire. « Mon travail se divise en plusieurs chapitres, tous influencés par des idées différentes », explique Petros. « Mais tous ces projets font partie d’un même univers. Ils créent un microcosme, un village imaginaire ». Liparo est l’un de ces villages, celui – bien réel – de son enfance. Pourtant, les expériences photographiques de Petros le sculptent et le transforment. « En fait, mon livre parle moins de mon lieu de vie que de ma perception du monde, après l’avoir observé attentivement », précise-t-il.

Sur les pages, de curieuses cabines se dressent, accompagnées de constructions contemporaines. Ces sculptures, étranges et isolées sont également érigées par Petros, car s’il maîtrise la photographie, il s’adonne également à l’art plastique. « C’est une véritable mission, de collecter des objets et de construire des installations », confit-il. « Après les avoir photographiés, commence le travail fastidieux de détruire les objets, de les rendre aux différents propriétaires, ou de les jeter ». Ces créations forment un décor artificiel, ancré dans Liparo, une mise en scène cinématographique qui dresse un nouveau portrait du petit village grec.

L’absurdité du décor

C’est avec humour noir que Petros façonne sa série. Influencé par le monde réel, et l’histoire contemporaine de la Grèce, le travail de Petros se teinte d’absurdité, et d’imaginaire, un moyen pour lui de raconter Liparo autrement. Portés par des mises en scènes évoquant le radeau de la Méduse, ou encore la ruée vers l’or, les personnages de son récit restent pourtant anonymes, indéchiffrables. Le visage caché par des vêtements, ils posent dans ce monde merveilleux. « Je suppose que je suis assez sarcastique », avoue Petros. « Mais je m’en rends seulement compte en regardant mes photos ». Les tissus bariolés qui remplacent les visages des modèles semblent pourtant nous observer, parfois même nous défier, au fil des pages. Une mise en scène à la fois glaçante et amusante. « Quoi que je fasse, je suis toujours fasciné par l’équilibre entre la logique et l’absurdité. C’est seulement en dosant correctement les deux que l’on obtient un résultat surréaliste », résume le photographe.

© Petros Efstathiadis© Petros Efstathiadis

 

© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis© Petros Efstathiadis

© Petros Efstathiadis

Vidéo : Fisheye

Explorez
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
© Ecaterina Rusu / Instagram
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
Photographier signifie souvent montrer, dévoiler, révéler. Pourtant, il arrive que ce qui se trouve de l’autre côté de l’objectif ne...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Simon Baker quitte la direction de la Maison européenne de la photographie
© Marguerite Bornhauser
Simon Baker quitte la direction de la Maison européenne de la photographie
Ce lundi 8 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie a annoncé le départ de Simon Baker, son directeur, après sept années...
08 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les photographes montent sur le ring
© Mathias Zwick / Inland Stories. En jeu !, 2023
Les photographes montent sur le ring
Quelle meilleure façon de démarrer les Rencontres d’Arles 2025 qu’avec un battle d’images ? C’est la proposition d’Inland Stories pour la...
02 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
13 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas