Fascinée par les cultures étrangères, Maï Lucas, photographe eurasienne, signe, avec Une jeunesse chinoise, accueillie par la Galerie Suzanne Tarasiève / Loft 19, une exposition mêlant mode, identité et société.
Presse écrite et musicale, commandes publicitaires, shootings de mode et projets personnels au long cours, la photographe Maï Lucas ne cesse de créer. « Je réalise essentiellement un travail artistique de longue haleine sur l’identité, les subcultures et la jeunesse », précise-t-elle. Influencée par l’univers de la mode, l’artiste perçoit le modèle comme un acteur de l’image, apportant aux vêtements qu’il porte ou au récit qu’il met en scène une nouvelle identité. C’est cet attrait pour l’humain, ce désir de mettre en lumière la singularité des êtres qui constitue le fil rouge de l’œuvre de Maï Lucas.
Une jeunesse chinoise, exposition présentée pour la première fois à Paris, est le fruit d’un travail réalisé en Chine durant un an, suite à l’invitation du Centre culturel français en Chine, pour le festival multidisciplinaire Croisements, entre 2016 et 2017. Un projet ancré dans le désir de l’auteure de voyager aux quatre coins du monde pour capturer la jeunesse. « J’aime observer les rapports humains, le langage corporel, le style, les mouvements identitaires. Immortaliser les icônes modernes de notre génération à travers différents continents. La diversité culturelle est une source de richesse que l’on ne doit cesser d’observer et de célébrer », rappelle-t-elle. Par le prisme de la mode, elle livre avec cette série une célébration de la culture chinoise – vibrante et diversifiée.
Un récit social passionnant
À travers une quinzaine de portraits, Maï Lucas s’interroge. Comment affirmer sa différence ? Et dévoiler sa propre personnalité ? Par quels moyens exister, en tant que jeune, dans une société ? Après avoir notamment photographié les afro-américains en Amérique, l’artiste découvre, avec plaisir, une tout autre culture en Orient. « Les États-Unis et la France sont des sociétés qui donnent beaucoup d’importance à la représentation, qui créent et renouvellent sans cesser l’habit et l’identité. En Chine – avec l’obligation de porter l’uniforme pendant de longues années – la politique d’ouverture est née il y a seulement quarante ans », explique-t-elle.
Dans un pays ultra-connecté où tout semble évoluer plus rapidement, les personnes qu’elle rencontre et shoote dévoilent une formidable créativité. « Ce sont des jeunes qui ont une histoire très différente du reste du monde. Suite à la politique de l’enfant unique (terminée en 2015), ils ont grandi sans fratrie et ont dû se créer leur identité seuls », précise Maï Lucas. Il y a, dans chaque cliché de la photographe, une envie de célébrer la diversité, de souligner l’authenticité de ses modèles. En suivant la piste de la mode, elle construit, en contrepoint, un récit social passionnant. « Ce sont aussi les créateurs du monde de demain. Beaucoup de chaînes ont été brisées, ils voyagent enfin facilement. Ils créeront main dans la main avec les enfants occidentaux », prédit-elle. Une ode brillante à la diversité.
Du 16 janvier au 2 février
Galerie Suzanne Tarasiève / Loft 19
5 passage de l’Atlas, Villa Marcel Lods, Paris 19e
© Maï Lucas