Pour la seconde année consécutive, le salon UnRepresented by Approche investit l’espace Le Molière, au cœur du 1er arrondissement parisien. Jusqu’au 7 avril 2024, quinze expositions d’œuvres expérimentales sont à découvrir.
L’an passé, dans le sillage du salon Approche, qui s’articule autour de la photographie expérimentale, naissait UnRepresented. Comme son nom le suggère, l’évènement fait la part belle aux artistes qui s’inscrivent en dehors des systèmes établis. Si aucune galerie ne les représente, toutes et tous peuvent compter sur le soutien de collectionneuses et de collectionneurs qui s’engagent, par le biais du mécénat, dans la création contemporaine. À la suite du succès rencontré par la première édition, une seconde a tout naturellement été organisée. Celle-ci se tiendra du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2024 dans l’enceinte du Molière, à Paris. Le temps d’un week-end, le public pourra contempler les œuvres de Pooya Abbasian, Véronique Bourgoin, Clara Chichin & Sabatina Leccia, Cyrus Cornut, Frédérique Daubal, Martin Désilets, Ingrid Dorner, Denis Félix, Nils Guadagnin, Amélie Labourdette, Sandra Matamoros, Clément Mitéran, Christophe Ollivier, Maxime Riché et Vera Van Almen.
Des interrogations qui traversent nos sociétés
Parmi les thèmes qui ressortent de cette deuxième édition figure l’archéologie du présent. Ingrid Dorner s’y adonne dans Liminal, une série monochrome dans laquelle elle éprouve la matière de ses photographies argentiques dans la solitude de sa chambre noire. Pour ce faire, dans un geste de destruction créatrice, l’artiste plonge ses tirages dans un bain chimique avant de façonner de nouvelles images à l’aide de la gélatine en mouvement. Les contours de toute chose se déforment ainsi dans un vertige existentiel, à la manière de souvenirs que l’on croyait figés à jamais dans nos esprits. D’autres récits se dessinent alors, dévoilant « un monde où les visages purs se décomposent, où les corps sont rongés et aspirés par une nature spectaculaire, où de jeunes silhouettes disparaissent, translucides et fragiles ». Nos repères abolis, face à cette troublante métamorphose, les sensations deviennent notre seul guide.
Dans un autre genre, Nils Guadagnin explore également le champ des perceptions. Sa série Modern Archives témoigne d’un intérêt pour la matérialité et la temporalité. Carlingue abandonnée, carcasses de bateau brûlé, pneus entassés… Sous ses yeux, les vestiges pourtant peu reluisants de l’anthropocène se révèlent sur des feuilles d’or et de cuivre. En donnant à voir les sculptures de bois d’objets retrouvés aux abords de ces scènes, le cadre, partie intégrante de l’œuvre, s’impose comme un prolongement de l’image. Il crée ainsi « un lien physique entre le lieu d’investigation et l’espace d’exposition, à travers une irruption du sujet dans le réel », souligne le texte de présentation. Outre les éléments issus de l’activité humaine, les compositions de l’artiste dépeignent tout autant des plantes exotiques ou des phénomènes climatiques qui ont en commun un aspect monumental. En résultent alors de nombreuses interrogations quant aux « notions de valeur, de perpétuité et d’obsolescence » qui, plus largement, traversent nos sociétés dans leur ensemble.