Veduta, immersion dans un autre temps

14 février 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Veduta, immersion dans un autre temps

En 2016, le photographe français Thomas Jorion a sillonné l’Italie à la recherche de palais oubliés. Dans sa sérieVeduta, exposée à la Galerie Esther Woerdehoff, il présente ses ruines poétiques, vestiges du passé. 

« J’ai toujours été passionné par les lieux de mémoire et la trace de l’homme. Ainsi mon travail s’est articulé autour de cette notion »,

explique le photographe Thomas Jorion. Il présente, à la Galerie Esther Woerdehoff, ses vedutas, une plongée dans l’Italie du passé. Sur les murs de la galerie, palais désertés, jardins sauvages, et masserias se côtoient et présente un paysage poétique et déchu. « L’idée de photographier ces lieux oubliés m’est venue lorsque je suis allé imprimer mon précédent livre à Vérone, en 2016, raconte l’artiste. Je suis allée visiter quelques palais que j’avais découverts des années auparavant, puis j’ai sillonné l’ensemble du pays, avec l’idée de garder une trace de ces lieux qui cesseront bientôt d’exister ».

Fasciné par l’impact de l’humain sur son environnement, le photographe a pris le temps de poser son regard, en utilisant une chambre photographique grand format pour réaliser cette série. « Elle me permet de mettre en œuvre ma recherche graphique, ou d’abstraction dans les paysages », commente-t-il. Une manière de plonger dans l’histoire de ces espaces, et d’en saisir chaque nuance.

Pénétrer dans un palais italien oublié

L’exposition invite le spectateur à s’immerger dans un autre temps. Colorés et hypnotiques, les clichés évoquent des ruines, abritant de nombreux trésors. « Nous avons essayé de faire en sorte que le visiteur ait le sentiment de pénétrer dans un palais italien oublié », précise Thomas Jorion. Si l’auteur ne possède pas de formation artistique, c’est le cinéma qui l’a inspiré. Les décors étranges et oniriques de Blade Runner ou l’univers de David Lynch dégagent une atmosphère qu’il aime inviter dans ses séries. Une esthétique qui déconstruit notre vision de la réalité. « Ces lieux sont des capsules temporelles, belles et dignes dans leur solitude. Témoins d’une époque révolue, elles demeurent silencieuses et méditatives », confie le photographe, qui joue avec l’idée d’universalité. Ces paysages sont-ils des décombres du passé, ou représentent-ils un futur dépeuplé ?

Veduta, appelée ainsi en référence aux peintres de la Renaissance italienne, qui utilisaient la camera obscura pour peindre des paysages urbains, se veut théâtrale. Si Thomas Jorion ne met pas en scène les espaces qu’il capture, l’esprit des lieux s’invite pourtant au récit. Un voyage intemporel dans des ruines magnifiées.

 

Veduta

Du 7 février au 6 avril 2019

Galerie Esther Woerdehoff, 36 Rue Falguière, Paris 15

© Thomas Jorion© Thomas Jorion

© Thomas Jorion© Thomas Jorion

© Thomas Jorion© Thomas Jorion© Thomas Jorion

© Thomas Jorion

Explorez
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
© Valentine de Villemeur
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Valentine de Villemeur. La photographe a consigné le parcours de sa procréation...
01 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Yu Hsuan Chang : des femmes et des montagnes
G-Book © Yu Hsuan Chang
Yu Hsuan Chang : des femmes et des montagnes
Dans des collectes effrénées d’images, la photographe taïwanaise Yu Hsuan Chang transcrit autant la beauté de son pays que la puissance...
25 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Prix Viviane Esders : éclairer des trajectoires photographiques
© Bohdan Holomíček
Prix Viviane Esders : éclairer des trajectoires photographiques
Créé en 2022, le Prix Viviane Esders rend hommage à des carrières photographiques européennes souvent restées dans l’ombre. Pour sa...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Sandra Calligaro : à Visa pour l'image, les Afghanes sortent de l'ombre
Fahima (17 ans) révise dans le salon familial. Elle suit un cursus accessible en ligne sur son smartphone. Kaboul, Afghanistan, 24 janvier 2025. © Sandra Calligaro / item Lauréate 2024 du Prix Françoise Demulder
Sandra Calligaro : à Visa pour l’image, les Afghanes sortent de l’ombre
Pour la 37e édition du festival Visa pour l’Image à Perpignan qui se tient jusqu’au 14 septembre 2025, la photojournaliste Sandra...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d'images
© Jenny Bewer
Fisheye #73 : vivre d'Amour et d’images
Dans son numéro #73, Fisheye sonde les représentations photographiques de l’amour à l’heure de la marchandisation de l’intime. À...
05 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot