Vincent Fournier : bâtir les imaginaires du futur

03 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Vincent Fournier : bâtir les imaginaires du futur
© Vincent Fournier
© Vincent Fournier
© Vincent Fournier

La galerie Rabouan Moussion invite entre ses murs le photographe Vincent Fournier, jusqu’au 27 avril. L’exposition revient sur le travail incessant de cet artiste pour définir les architectures du futur et les contours des utopies contemporaines.

Dans Dysnomia, présentée à la galerie Rabouan Moussion à Paris, le photographe Vincent Fournier explore les espaces entre rêve et réalité. Une première exposition qui met en exergue les points saillants de son œuvre. Ses prises de vue ne sont pas définies, elles débordent du cadre et donnent vie à des formes inattendues. Des paysages qui demeurent dans le flou. Dans ce voyage, les choses ne sont pas toujours identifiables et les temporalités se mélangent comme dans un monde fabriqué à l’envers.

L’événement présente plusieurs séries. Les prises de vue de Brasilia, construite en 1957, l’année du premier satellite dans l’espace, se concentrent sur les architectures métaphysiques. Une ville « futuriste », incarnant une certaine utopie révolue. Avec les compositions florales de Flora incognita, le photographe montre ensuite que le vivant est loin d’être stable, mu par transformation permanente. La technique de représentation de ces fleurs combine photographie et post-photographie. Elle interroge également la mutation à l’œuvre sur le réel et ses doubles. Comme l’indiquent les galeristes, « Vincent Fournier explore les imaginaires du futur depuis une vingtaine d’années. Il cherche dans notre présent des éclats d’avenir, les traces d’un futur « de l’autre côté du miroir » où l’on se souvient de ce qui va arriver. »

La sci-fi en photographie

Si on voulait résumer le travail de Vincent Fournier, nous pourrions dire qu’il amène la science-fiction en photographie. Robots humanoïdes, animaux fantastiques, technologies avancées et exploration de l’espace : l’imagination de cet artiste est débordante. Après son exposition Uchronie, dans laquelle il imaginait une histoire de l’évolution animale alternative en créant des êtres loufoques, il revient avec Dysnomia. Le titre provient d’un satellite de la micro-planète Eris, qui orbite elle aussi autour du Soleil. Ce nom lunaire annonce la couleur de la série : une plongée dans l’utopie, dans l’imaginaire, dans la construction de mondes nouveaux. C’est encore une belle fable qu’il nous raconte, lui qui se déclare « nostalgique du futur de son enfance. » Il opère « à la croisée de la photographie traditionnelle et de techniques plus modernes, comme la modélisation 3D ou le filtrage informatique » et obtient ainsi un résultat étonnamment réaliste. Dans la série, le photographe met un temps de côté son obsession pour l’espace et essaie d’imaginer une réalité alternative ici sur Terre, faite de paysages de notre quotidien. Il continue ainsi sa quête de mythologies du futur et analyse leur impact sur notre perception du présent.

© Vincent Fournier
© Vincent Fournier
À lire aussi
Prix Swiss Life à 4 mains : Vincent Fournier et Sébastien Gaxie dévoilent « Auctus Animalis »
Prix Swiss Life à 4 mains : Vincent Fournier et Sébastien Gaxie dévoilent « Auctus Animalis »
Vincent Fournier et Sébastien Gaxie – lauréats de la 5e édition du Prix Swiss Life à 4 mains – viennent de dévoiler Auctus Animalis. Ce…
07 septembre 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Focus #18 : Matthieu Gafsou et les nuances du vivant face à l’effondrement
Focus #18 : Matthieu Gafsou et les nuances du vivant face à l’effondrement
Le mercredi, avec Focus, nous donnons la parole à vos photographes préféré·e·s ! Dans cet épisode, Matthieu Gafsou revient sur Vivants…
29 juin 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
Le Brésil au grand angle
De la série Rua Direita, São Paulo, SP, vers 1970. © Claudia Andujar. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Instituto Moreira Salles.
Le Brésil au grand angle
Climat et transition écologique, diversité des sociétés, démocratie et mondialisation équitable… tels sont les trois thèmes de la saison...
10 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d'été
© Diane Desclaux
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d’été
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
30 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La FUJIKINA Arles, quand l'art rencontre la technique
© Gregory Halpern / Magnum Photos
La FUJIKINA Arles, quand l’art rencontre la technique
Du 8 au 12 juillet 2025, la FUJIKINA, manifestation mondiale autour de la culture photographique créée par Fujifilm, revient pour une 2e...
24 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Ma yëë tunjoty, ma yëë kopkjoty, 2020. © Octavio Aguilar. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Parallel Oaxaca.
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Pour la deuxième année consécutive, les Rencontres d'Arles mettent en lumière les sept finalistes du prix Découverte Fondation Roederer à...
12 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Rencontres d'Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
Montagne de Corte, Corse, 2022. © Jean-Michel André. Avec l’aimable autorisation de l’Institut pour la photographie / Galerie Sit Down.
Rencontres d’Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
En parallèle de ses articles sur la 56e édition des Rencontres d’Arles, qui se tient jusqu’au 5 octobre 2025, la rédaction...
12 juillet 2025   •  
Nan Goldin, lauréate du prix Women in Motion 2025, présente Syndrome de Stendhal
Jeune amour, 2024 © Nan Goldin. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Gagosian.
Nan Goldin, lauréate du prix Women in Motion 2025, présente Syndrome de Stendhal
Ce mardi 8 juillet, Nan Goldin a reçu le prix Women in Motion au Théâtre Antique d’Arles, qui affichait complet. À cette occasion...
11 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Erica Lennard : « L'amitié féminine était une réalité que nous vivions pleinement »
Elizabeth, Californie, printemps 1970. © Erica Lennard. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / La Galerie Rouge.
Erica Lennard : « L’amitié féminine était une réalité que nous vivions pleinement »
Erica Lennard présente Les Femmes, les Sœurs à l’espace Van Gogh dans le cadre de la 56e édition des Rencontres d’Arles. L’exposition est...
11 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger