« J’explore l’idée de destruction et je documente la catastrophe qui m’entoure en me confrontant à la désintégration matérielle. Cette pratique artistique me sert d’autothérapie. Cela me permet de contrôler ce qui, inévitablement, se dirige vers une fin », confie Ada Zielińska. Dans l’une de ses dernières séries, composée en mars 2020 lors du premier confinement, 1:18 Scale Car Crashes − mettant en scène des petites voitures métalliques pour enfants − l’artiste polonaise interroge sa notion de prédilection : la destruction. Une manière sensible et cathartique de panser ses blessures quotidiennes et celles héritées d’une époque antérieure. « Si la destruction est devenue le concept phare de mes travaux, c’est parce j’étais moi-même (ou j’aime penser que j’étais) dans l’autodestruction. Et surtout à l’adolescence, au début de ma vingtaine, où j’ai vécu une période de troubles alimentaires, rythmée par la consommation de drogues », explique-t-elle. De cette fascination pour la décomposition, le tragique et vraisemblablement le monde automobile, elle déploie toutes ses anxiétés pour enfin trouver une paix intérieure. Protagonistes en perte, matériaux immolés par le feu, majorettes en morceaux, horizons privés de lumière… Dans le monde photographique d’Ada Zielińska, tout est vain et se noie dans un avenir incertain. Une à une, ses images se lisent comme des prophéties du désenchantement.
© Ada Zielińska