Voyage improvisé en Sicile

07 mars 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Voyage improvisé en Sicile

Après trente ans passés à Paris, le photographe italien Massimo Gurciullo est retourné dans son pays d’origine. Là-bas, il a réalisé Sicily, un projet poétique et mouvementé.

Né en Sicile, Massimo Gurciullo est un photographe autodidacte. En 1982, il quitte l’Italie pour s’installer à Paris, et trouver un emploi. Il se spécialise alors dans le portrait et le nu, et crée des clichés – toujours en noir et blanc – dans l’espace confiné de son studio. Après avoir publié plusieurs ouvrages, notamment Nudi, en 1997, et Portraits 30 ans…, en 2012, le photographe est retourné dans son pays d’origine pour réaliser un livre singulier : Sicily.

« Après plus de trente années de travail, j’ai ressenti le besoin de sortir, de me balader, d’observer la vie, confie Massimo Gurciullo. Mon studio est devenu trop serré et limité. Je ne souhaite plus réaliser de photographies prévisibles, je veux que chaque image soit nouvelle et unique. » Dans l’agitation des rues, la frénésie du quotidien, l’artiste a capturé des instants de vie, sur les lieux de son enfance.

Improviser comme un jazzman

Les flous artistiques des clichés évoquent le mouvement et le mystère. Les différents personnages se devinent, passant dans le champ du photographe. Une seconde durant laquelle Massimo Gurciullo s’immisce dans l’univers de son modèle. Si le sujet est nouveau, les images de l’auteur rappellent le voyeurisme du nu. Cette ambiguïté fascinante que l’on devine dans les corps et les regards. « Je cherche à réaliser une littérature photographique, entre mémoire et poésie, entre réel et imaginaire », précise l’artiste, qui compare ses prises de vues aux improvisations survoltées d’un jazzman. « Lorsque le musicien commence à jouer, il se laisse transporter, libre de voyager, de trouver le sens de la musique au fil du morceau ». Pour lui, le 8e art donne une nouvelle vie aux personnes, différente de celle qu’elles mènent. « Ils ont ainsi besoin de leur propre théâtre, indépendant du réel », précise-t-il.

Dans l’effervescence des rues siciliennes, le photographe construit un univers à part, peuplé de personnages étranges. Un monde fou et festif, rythmé par les mélodies entraînantes et lointaines d’un orchestre de jazz.

 

Sicily, éditions The Unknown Books, 15 €, 68 p.

© Massimo Gurciullo

© Massimo Gurciullo© Massimo Gurciullo

© Massimo Gurciullo © Massimo Gurciullo © Massimo Gurciullo

© Massimo Gurciullo© Massimo Gurciullo

© Massimo Gurciullo

© Massimo Gurciullo

Explorez
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
© celluloidjournal / Instagram
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine sondent les mystères de la mémoire. Ils et elles exhument les souvenirs qui...
11 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
© Jeanne Narquin
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
Jeanne Narquin et Émilie Brécard, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes les deux à la féminité. La première photographie...
10 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La Galerie Carole Lambert réenchante l'œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Petit cheval de Quito © Archivo Manuel Álvarez Bravo
La Galerie Carole Lambert réenchante l’œuvre de Manuel Álvarez Bravo
Jusqu'au 18 décembre 2025, la Galerie Carole Lambert devient l’écueil des 40 tirages d’exception du photographe mexicain Manuel Álvarez...
21 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les secrets des météorites dévoilés par Emilia Martin
I saw a tree bearing stones in place of apples and pears © Emilia Martin
Les secrets des météorites dévoilés par Emilia Martin
Dans son livre I Saw a Tree Bearing Stones in the Place of Apples and Pears, publié chez Yogurt Editions, Emilia Martin s’intéresse au...
21 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III