À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet documentaire engagé autour des migrant·es à Calais. Présentée à Photo London, son approche sensible et sans détour redonne un visage à ceux qu’on ne voit plus.
Jusqu’au 18 mai 2025, Zélie Hallosserie expose The Game, un projet de photographie documentaire à découvrir à Photo London, à Somerset House. À seulement 21 ans, la photographe française vient de décrocher le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize, avec une dotation de 10 000 $. Ce prix, créé par Lisa Saltzman et Annie Leibovitz, soutient les nouvelles voix du documentaire social.
Un projet engagé autour de l’exil
En fin de cursus à l’ESA Saint-Luc de Tournai, Zélie Hallosserie partage depuis 2022 son temps entre les abris de Steenvoorde et les dunes de Calais. Elle y propose des ateliers photo aux personnes exilées, construisant une approche directe, sans faux-semblant. The Game tire son titre du mot employé par les migrant·es pour désigner la traversée de la Manche. Les clichés sont pris dans les campements, aux guichets associatifs, capturant des visages, des fragments de vie et des paysages figés par l’attente. Loin des discours médiatiques, ce travail redonne un visage aux invisibles, à celles et ceux dont l’existence persiste dans l’ombre. Car si Calais ne fait plus la une des journaux, la réalité de l’exil, elle, demeure. Des hommes, des femmes, des enfants vivent toujours dans des conditions précaires, espérant franchir la Manche. Depuis janvier 2024, au moins 72 personnes ont perdu la vie en tentant cette traversée.
Un prix pour faire entendre les voix oubliées de Calais
Ce regard engagé n’est pas passé inaperçu : Zélie Hallosserie vient de recevoir le Saltzman-Leibovitz Prize, un prix qui prolonge le programme de mentorat lancé par Annie Leibovitz lors de sa résidence chez IKEA. Le jury, composé notamment de Drew Sawyer (Whitney Museum) et Raul Martinez (Condé Nast), a été marqué par l’humanité et la sincérité du travail récompensé. Pour Lisa Saltzman, « soutenir de jeunes auteurs engagés dans une telle démarche est essentiel, car leur photographie se distingue par sa capacité à humaniser des enjeux sociaux complexes avec sincérité et profondeur. Son approche sensible connecte le spectateur aux récits de résilience et d’humanité de ses sujets ». Forte de cette reconnaissance, Zélie Hallosserie souhaite désormais enrichir son projet en y intégrant des témoignages, des vidéos, des objets abandonnés, mais aussi les voix des acteurs locaux, pour construire un récit collectif, loin des simplifications habituelles. Pour elle, ce prix est d’abord une chance de faire entendre ces voix et de rappeler que l’exil est une réalité humaine, vécue au quotidien.