« Les Pionniers » : rebattons les cartes !

12 août 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« Les Pionniers » : rebattons les cartes !

L’association Arles Contemporain propose, jusqu’au 6 septembre un parcours artistique au cœur de la ville. Lumière sur Les Pionniers, une exposition engagée accueillie par la Fondation Manuel Rivera-Ortiz.

« Dans le secteur fragile de la création, les artistes pourraient devenir invisibles en ces temps de crise, alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans notre société. Arles le sait depuis longtemps (…) et porte aujourd’hui plus que jamais les créateurs en permettant à Arles Contemporain de les mettre sous son aile »,

déclare Isabelle Aubin, présidente de cette association de galeries d’art contemporain. Jusqu’au 6 septembre, 60 lieux d’expositions – galeries, institutions, lieux mixtes et éphémères, ateliers d’artistes – accueillent les visiteurs et friands d’art. Au programme ? Installations, expositions photographiques, et performances. Un parcours réjouissant qui anime la ville en cette période singulière.

© Sylvie Léget

© Sylvie Léget

Héritage, territoire, appartenance et exil

À la Fondation Manuel Rivera-Ortiz, l’exposition Les Pionniers propose un parcours introspectif au cœur de notre histoire. « S’il n’y a plus de Terra Incognita ni de grands explorateurs… Qui sont les réels Pionniers aujourd’hui ? Les êtres humains ont parcellisé, surveillé, exploité les espaces terrestres, aériens, maritimes. Exit les Terra Incognita, les cartes sont pleines… il est temps de les rebattre ! », précise Nicolas Havette, directeur artistique de l’événement. À travers sept projets, des artistes, duos et collectifs (Boris Vian, Wu Cheng-Chang, Mathias Benguigui et Agathe Kalfas, Sylvie Léget, Pablo Ernesto Piovano, Andréa Olga Mantovani et Action collective temporaire) s’interrogent sur les notions d’héritage, de territoire, d’appartenance ou encore d’exil.

Dans Vision of Taiwan, Wu Cheng-Chang pose un regard critique sur son environnement. Se mettant en scène, le visage effacé par une « surexposition incontrôlée », le photographe invite le regardeur à contempler les paysages qui l’entourent. Çà et là apparaissent des objets, des détails absurdes, contrastant avec la beauté des clichés et révélant la crise environnementale. Un contraste affligeant que l’homme, à l’image de cette silhouette aveugle, choisit d’ignorer.

© Wu Cheng-Chang

© Wu Cheng-Chang

Mathias Benguigui et Agathe Kalfas s’intéressent quant à eux à Lesbos, une île grecque située à 12 kilomètres de la Turquie ayant connu de nombreux flux de migrations. En 2020, pourtant, le dialogue entre les migrants d’hier et d’aujourd’hui est rompu. Le camp de Moria, conçu pour recevoir 3000 personnes en compte désormais 20 000, et l’entraide a disparu. Posant un regard sensible sur ce territoire blessé, les auteurs en appellent à notre humanité, et questionnent notre rapport à l’altérité.

C’est au sein de la forêt de Bialowieza, située au cœur de la Pologne, qu’Andrea Olga Mantovani capture la force et la splendeur d’une nature millénaire. Dans ce territoire froid, menacé de déforestation, elle développe un récit métaphorique, et cherche à saisir les enjeux d’un conflit complexe. Une immersion fantasmagorique dans une lutte pourtant trop réelle.

 

 La Fisheye Gallery participe au parcours d’Arles Contemporain ! L’occasion de (re)découvrir une exposition collective, regroupant des œuvres d’artistes qui nous ont marqués au cours de ces dernières années : Charlotte Abramow, Delphine Diallo, ou encore Théo Gosselin et Maud Chalard.

 

© Wu Cheng-Chang

© Wu Cheng-Chang

© Mathias Benguigui© Mathias Benguigui

© Mathias Benguigui

© Andréa Olga Mantovani© Andréa Olga Mantovani

© Andréa Olga Mantovani

© Nina Moore

© Nina Moore

© Pablo Ernesto Piovano

© Pablo Ernesto Piovano

© Cohérie, Boris Vian© Cohérie, Boris Vian

© courtesy Cohérie, Boris Vian

 

© Sibusiso Bheka

© Sibusiso Bheka

Image d’ouverture : Andréa Olga Mantovani

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