Le festival Visa pour l’image a dévoilé son palmarès 2019. Un ensemble de reportages bouleversants faisant l’état des lieux des conflits et enjeux contemporains.
Du 31 août au 15 septembre, Visa pour l’image bat son plein. Depuis 30 ans, pendant deux semaines, le festival de photojournalisme revient sur l’actualité de l’année à travers une vingtaine d’expositions et six soirées de projections. Le festival distingue également tous les ans plusieurs photographes, saluant leur courage et leur créativité. Pour cette 31e édition, le jury de l’événement a récompensé des auteurs captant des enjeux contemporains poignants. Migration, écologie, guerre, désir et désespoir se trouvent au cœur des séries couronnées. Une mosaïque déchirante des conflits internationaux. Comme chaque année, les jurés des Visas d’or et de différents prix ont délibéré du 3 au 8 septembre, avant de dévoiler le palmarès 2019.
Synonyme de sécurité
Le photographe mexicain Guillermo Arias a remporté le Visas d’or Paris Match News grâce à son projet La caravane. Depuis octobre 2018, quelques centaines de Honduriens se sont mis en route vers les États-Unis. Si les habitants d’Amérique centrale tentent depuis longtemps de fuir la violence et la misère en se dirigeant vers le nord, la politique anti-migratoire de Donald Trump a mis en lumière l’apparition de ces caravanes. Pour ces personnes, voyager en grand groupe est synonyme de sécurité. Une manière de se protéger durant ce long et pénible périple. La première troupe est arrivée à Tijuana – la frontière entre le Mexique et les États-Unis – en novembre 2018. À la fin du mois, plus de 7000 migrants se trouvaient dans les refuges de la ville. Le 25, près de 500 hommes se sont rués vers les points de passage, repoussés à coups de gaz lacrymogène par les agents américains. Une réaction représentative de l’état d’esprit du Président. Aujourd’hui, si les caravanes se font moins nombreuses, elles traversent toujours le continent, vers l’espoir d’une vie meilleure. Un phénomène qui a bouleversé les dynamiques migratoires de la région.
© Guillermo Arias
Un territoire mis à mal
C’est à l’environnement que s’est intéressé Frédéric Noy, lauréat du Visa d’or région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, catégorie « magazine », et plus particulièrement au lac Victoria. Deuxième plus grand lac du monde, et le plus vaste d’Afrique, cette réserve aquatique est un pôle écologique, moteur économique, réservoir naturel majeur. Pourtant, le réchauffement climatique affecte la répartition des poissons et le niveau de l’eau. La surpêche, le braconnage, l’industrialisation ou encore la poussée démographique du territoire influent sur le bien-être du bassin, puisant dans ses ressources, et le contaminant. « D’ici cinquante ans, si rien de radical n’est fait, le lac Victoria sera mort à cause de ce que nous y déversons », déclarait le professeur Nyong’o, gouverneur du comté kényan de Kisumu, en février 2018. Un appel à l’aide donnant à voir l’urgence de la situation. Avec un lyrisme splendide, Frédéric Noy capture un territoire mis à mal, qui se meurt lentement. Une série éclairant de sombres présages.
© Frédéric Noy
Une situation dangereuse
Le 5 septembre, le Visa d’or de l’information numérique a également salué le travail de l’équipe de Disclose – Mathias Destal, Geoffrey Livolsi, Lorenzo Tugnoli, Michel Despratx, Aliaume Leroy et Tom Flanery. Véritable outil interactif, la création des membres de ce site d’investigation français révèle au public l’usage massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Une plateforme dynamique, expliquant les multiples enjeux d’une situation complexe et dangereuse. « L’équipe de Disclose a mené une enquête remarquable (…) La restitution protéiforme de Made in France a trouvé son expression sur le web, mélangeant avec justesse textes, datas et vidéos », précise le photographe Samuel Bollendorff, président du jury. Un travail minutieux, récompensé d’une dotation de 8000 euros.
Made in France © Lorenzo Tugnoli
© Guillermo Arias
© Frédéric Noy