Cette semaine, Brigitte Patient donne la parole à Samuel Bollendorff, photographe exposé à la Galerie Fait et Cause, ainsi qu’à Michel Poivert, directeur du nouveau Collège international de la photographie du Grand Paris.
La Galerie parisienne Fait et Cause, dédiée à la photographie sociale et environnementale, accueille l’exposition Contaminations, Après moi le déluge, de Samuel Bollendorff. L’auteur y présente une série de sept reportages, dans des lieux définitivement rendus impropres à la vie. Un périple des États-Unis au Japon, en passant par la Russie, le Canada le Brésil ou encore l’Italie.
« C’était un tour du monde très désespérant », confie le photographe. De territoire en territoire, notre consommation boulimique du plastique, et le pouvoir des lobbys industriels grandissent. « J’ai souhaité photographier des pays similaires au nôtre, en termes d’économie et de politique, précise Samuel Bollendorff. Je ne voulais pas que l’on puisse se réfugier derrière des notions de lointain, ou de dictature pour justifier les problèmes environnementaux. » En capturant ces paysages, un drame plus profond fait surface : cette contamination est invisible. La série donne à voir des territoires beaux, invitant le spectateur à s’émerveiller, avant de comprendre la réalité, en lisant les textes qui les accompagnent. Une exposition aussi sublime que glaçante, à découvrir jusqu’au 23 février.
© Samuel Bollendorff
Une mission d’intérêt général
Le Collège international de la photographie du Grand Paris est une association de préfiguration, présidée par Michel Poivert. Ce professeur, qui occupe la chaire d’histoire de la photo à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne, et codirige le Master Photographie à l’École du Louvre, a inventé ce projet « qui était un rêve fou ». Créé dans le cadre de Réinventer la Seine – un futur écoquartier, qui vise à accueillir des logements, des services, et de la culture – le CIPGP propose trois lieux inédits.
« La culture du numérique nous a finalement fait découvrir que la photographie classique existe, précise Michel Poivert. Les étudiants d’écoles d’art s’intéressent maintenant à l’ante numérique. » En partant de ce constat, le directeur du Collège a imaginé la création d’un conservatoire, qui instruirait ses étudiants sur les techniques liées au 8e art. Une université libre ferait intervenir des photographes, reporters, historiens ou encore critiques, afin d’aller à la rencontre des populations. Enfin, un laboratoire de recherches inviterait les artistes à réfléchir sur la photographie de demain, et les alternatives au numérique. Une « mission d’intérêt général », pour Michel Poivert, qui souhaite consacrer le reste de sa carrière à faire connaître les savoir-faire du média.
© à g. Cyrille Weiner, à d. Francis Jolly
Michel Poivert © Laura Henno
Image d’ouverture : © Samuel Bollendorff