À 49 ans, Sylvie Huet retrouve par hasard l’ours en peluche de son enfance. Emue par la force d’évocation de l’objet, elle part en quête des nounours d’anonymes ou de célébrités, en compile les histoires dans un livre, A Story of Bears, et expose ses photos de nounours à la FLAIR Galerie jusqu’au 6 janvier.
« Je ne pouvais pas imaginer, en retrouvant l’ours de mon enfance à 49 ans dans une foire à la brocante, l’enthousiasme que déclencheraient ces retrouvailles. Que tant d’adultes, ici et ailleurs, aient gardé près d’eux l’ours de leur vie, que certains aient inspiré des gens célèbres (Jean Paul Gaultier, Jane Goodall…), ça je ne le savais pas non plus. » En 2004, Sylvie Huet retrouve par hasard son doudou favori : « L’ours copain ». Pendant près de dix ans, elle a effectué un travail d’archives singulier : retrouver et photographier les ours de quelques personnalités, notamment des photographes. En 2013, elle a « rencontré » suffisamment d’ours et publie A Story of Bears, un ouvrage rassemblant trente histoires d’ours. Fidèle confident, mannequin test, réceptacle de câlins, l’ours en peluche se regarde aussi comme « une archive photographique », « il est la mémoire de quelqu’un ou de quelque chose » explique la photographe. Au-delà des images, Sylvie Huet a collecté des témoignages tantôt amusants, tantôt intimes.
à g. Dieter, 55 ans, confident de Joerg Höyer, Paris, 2011 et à d. Jubilee, 78 ans, Confident de Jane Goodall, Munich, 2014
Des dou-doux témoignages
« Mon nounours ? Je l’ai toujours, il s’appelle Nana. C’était mon premier mannequin ! D’abord il a subi tous les assauts des produits cosmétiques. Je lui essayais les Rouge Baiser de ma grand-mère. J’empruntais sa poudre de riz… Je lui implantais des bouts de ficelle sur la tête, comme s’il avait des cheveux, après les avoir passés à la teinture. Sur lui, j’ai réalisé mes premiers essais stylistiques. Je lui ai mis des prothèses : je lui faisais des faux seins pointus, à la Madonna. » Voici par exemple des souvenirs contés par Jean Paul Gauthier au sujet de son fameux Nana. On découvre aussi d’Hervé Guibert des moments partagés avec son confident Agneaudoux. L’objet en tant que tel n’est qu’un prétexte pour aborder des sujets plus intimes liés à l’enfance ou à l’entrée dans le monde adulte. Car ce sont les histoires associées à chacun des objets qui intéressent Sylvie Huet. Elle a d’ailleurs photographié tous les modèles dans leur univers ou dans un décor en lien avec leur récit. Dix-neuf d’entre eux sont à découvrir à Arles, jusqu’au 6 janvier, à la galerie d’art FLAIR, lieu d’exposition dédié à l’univers des animaux.
à g. Nana, 60 ans, Confident de Jean Paul Gaultier, Stockholm, 2013 et à d. L’ours en or, 84 ans, confident de Grandpa Georges, Paris, 2009
Pooh, 45 ans, Confident de Chris Carver, Detroit, 2009
à g. Teddy, 75 ans, Confident de Mylène Demongeot, Paris, 2011 et à d. L’orphelin, 98 ans, Confident de Suzanne, Paris, 2008
Image d’ouverture : Martin, 57 ans, Confident de Kitty, Honfleur, 2009 © Sylvie Huet