C’est au cœur du Leitz Park que se tient jusqu’au 30 octobre l’exposition Yeux grands ouverts, 100 ans de photographie Leica, imaginée et conçue il y a quatre ans par l’historien et écrivain Hans-Michael Koetzle. L’exposition permet de revenir sur les prouesses technologiques et les événements culturels qui jalonnent l’histoire de Leica.
Manufacture, store, chambre d’hôtel thématique, la ville allemande Wetlzar constitue l’endroit rêvé pour les inconditionnels de la marque au point rouge. C’est au cœur du Leitz Park, un complexe composé de bâtiments grisés, que se situe le Musée Leica. Et pour son inauguration, Leica présentait Yeux grands ouverts, 100 ans de photographie Leica, une exposition collective et itinérante, probablement présentée pour la dernière fois en Europe.
L’exposition s’ouvre sur un rappel historique replaçant les boitiers de la marque dans le contexte technologique, depuis 1849 jusqu’à 2014. Croquis et images d’archives introduisent, entre autres, les avancées d’Oskar Barnack. Et puis, on découvre les images de grands maîtres : René Burri photographiant Henri Cartier-Bresson, Alexander Rodchentko ou encore René Jacques. Un découpage thématique permet de (re)découvrir les utilisateurs Leica. Avec l’arrivée du petit format, « l’appareil photo n’est plus simplement un boîtier, il est une nouvelle méthode photographique », expliquait Paul Wolf en 1937. Désormais plus pratique, le boitier accompagne le quotidien des individus. « Le Leica est un instrument parfait pour réaliser la gymnastique du regard », précise le commissaire d’exposirion Hans-Michael Koetzle posté devant le sublime cliché de Lothar Rübelt intitulé Olympia 2nd Part. Celebration of Beauty.
Ur-Leica © Leica Camera
Ouvrir les yeux sur la réalité
On célèbre ensuite le photojournalisme (1925-1935 et 1945-1970 ) avec la célèbre – et rare – image signée Robert Capa, Mort d’un soldat républicain et la photographie humaniste avec notamment Sabine Weiss et Édouard Boubat. Focus ensuite sur la photographie de mode avec Paolo Roversi et Jeanloup Sieff. Chapitre suivant : la photographie espagnole des années 1950. Ricard Terré, Leopoldo Pomés et Ramón Masats immortalisent la vie sous la dictature de Franco. Coup de cœur pour le travail noir et blanc de ce dernier qui a su documenter l’Espagne à travers ses traditions. Une image reste particulièrement en mémoire : des membres du clergé en pleine partie de foot. Un décalage sublime. Un chapitre dédié à la photographie d’auteurs révèle les images vintages de Paulo Nozolino et les grands tirages d’Alin Willaume. Le flou est célébré avec les clichés de François Fontaine.
« Ouvrir les yeux sur la réalité et faire attention à ce qu’il se passe autour de nous », voici ce que suggère Augen Auf ! (Yeux grands ouverts en français) et son commissaire d’exposition. Cet homme passionné a réalisé pour les 100 ans de Leica, un travail de collecte monumental. Car avant cette exposition, « il n’y avait pas vraiment de collection d’images », explique-t-il. Archives, collectionneurs ou encore musées, Hans-Michael Koetzle a multiplié les sources afin de témoigner de la diversité des styles et des approches photographiques. Outre les célèbres boîtiers et les images signées par de grands noms, cette exposition balaie cent ans d’histoire à travers 250 photographies. Un événement qui se veut historico-culturel avant d’être marketing. Une histoire photographiée, mais écrite aussi. Un ouvrage lui aussi monumental (560 pages), édité par la maison d’édition Kehrer Verlag, complète cette exposition anniversaire.
Une exposition à découvrir jusqu’au 31 octobre.
© Fred Herzog / Courtesy of Equinox Gallery
© Jeff Mermelstein
© Julia Baier
Image d’ouverture © Jeff Mermelstein