Privé d’obscurité

30 mai 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Privé d'obscurité

Lorsque David Schermann, photographe viennois, découvre les conséquences de la pollution lumineuse, il se rend à Hong Kong, l’une des villes les plus éclairées du monde. De ce voyage naît Insomnia, une série photographique mêlant beauté et danger.

Hong Kong est l’une des villes les plus touchées par la pollution lumineuse. Si ce phénomène affecte une grande majorité des métropoles, le ciel de la ville chinoise est 100 à 1000 fois plus lumineux que la norme. La lumière aveuglante des néons qui peuplent les rues s’immisce dans les immeubles et prend part au quotidien des habitants. Bien que d’une certaine beauté, cet éclairage artificiel repousse l’obscurité, et agit sur le cycle du sommeil, privant l’homme d’un repos nécessaire. Lorsque Katharina Dinhof, psychologue et petite amie de David Schermann lui signale l’ampleur de ce désagrément, celui-ci décide de voyager dans cette ville illuminée. De ce périple naît Insomnia, une étude à la fois belle et troublante de cette nouvelle menace. « La pollution de l’environnement due à cette lumière artificielle à de nombreuses conséquences », avertit David. « Sur la faune et la flore, mais aussi sur les résidents de la ville ».

Un monde haut en couleur

Si son séjour de dix jours n’a pas affecté David Schermann sur le long terme, son sommeil se trouble cependant, nuit après nuit. « J’avais de plus en plus de mal à m’endormir », confit-il. « Face à notre fenêtre se tenait un mur couvert d’un ensemble de néons aux couleurs de l’arc-en-ciel, et nos rideaux ne parvenaient pas à cacher la luminosité ». Insomnia dresse un portrait étrange de Hong Kong, entre poésie et solitude, gigantisme et intimité. Les couleurs y sont délibérément froides, et présentent un univers aseptisé, privé de chaleur. « J’ai volontairement coloré toutes les photographies de teintes bleues glaciales, pour rappeler les LED des lumières de rue », explique l’artiste. « Celles-ci suppriment d’ailleurs la production de mélatonine, qui, selon certaines études, aide à ajuster notre horloge biologique ». Dans la série de David, la lumière n’est plus synonyme de sécurité. Elle s’invite dans les appartements des résidents et les enrobe d’un halo lumineux permanent. Une omniprésence menaçante à ne pas ignorer.

© David Schermann

© David Schermann

© David Schermann© David Schermann

 

© David Schermann
© David Schermann© David Schermann

© David Schermann© David Schermann

© David Schermann© David Schermann

© David Schermann

© David Schermann

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