Fascinée par la science et l’ésotérisme, Marion Maimon construit Voyage Astral, une série abstraite inspirée par les origines du monde et les minéraux qui composent la Terre. Entretien avec l’artiste.
Fisheye : Peux-tu te présenter ?
Marion Maimon : Je suis sortie diplômée de l’École des Gobelins en 2017, et je vis et travaille à Paris. Mon travail s’articule entre commandes et travaux personnels : c’est ce que j’ai toujours souhaité faire. L’esthétique de mes projets professionnelle est nourrie par mes séries plus intimes.
Comment ton parcours a-t-il évolué ?
Petite, j’ai d’abord souhaité devenir archéologue, puis journaliste… Mais dès mes seize ans, j’ai su que je voulais faire de la photographie mon métier. J’ai avant tout été attirée par le reportage et le documentaire, et j’ai ensuite découvert le studio, et les objets, les plantes… J’ai rapidement aimé capturer des accessoires en les éclairant. Désormais, je ne shoote plus vraiment de personnes, je préfère ce qui est statique.
De quoi se nourrit ton approche photographique ?
Elle se nourrit de diverses thématiques. J’ai toujours été fascinée par l’invisible et le mystique. En parallèle, j’aime rester rationnelle : je regarde et j’écoute beaucoup d’émissions scientifiques. Je vogue entre les deux en m’interrogeant. Je trouve parfois des corrélations entre science et ésotérisme. Des ressemblances que j’interprète à travers mes images. Il y a une dimension poétique dans le fait de ne rien pouvoir affirmer. C’est cela qui m’inspire et me plaît.
Comment est né ton projet Voyage Astral ?
Il a débuté il y a un an. À l’époque, j’ai commencé à m’interroger sur nos origines, sur la formation de la vie, à travers les pierres, les minéraux ou encore la végétation. J’écoutais également de nombreuses conférences et émissions qui, bien qu’elles traitent de sujets variés, touchaient toutes à une certaine forme de spiritualité. Physique quantique, astrologie, réincarnation, corps astral et corps physique… autant de notions qui questionnent l’existence de mondes invisibles et parallèles.
Le mysticisme t’a donc inspiré ?
Tout à fait. Je pense qu’il existe quelque chose au-delà de la vie, et que nous avons encore beaucoup à apprendre. J’imagine que nous possédons un corps physique, et un corps astral, c’est-à-dire l’âme – l’âme qui habite le corps. Évidemment, il est impossible d’affirmer quoi que ce soit. Je perçois cette philosophie comme une vision spirituelle. La science remet souvent le savoir acquis en question, après de nouvelles découvertes. J’aime espérer que nous devenions tous un peu moins cartésiens et que nous acceptions l’idée d’un ailleurs. Des témoignages d’EMI (Expérience de Mort Imminente) décrivent par exemple d’autres mondes de densités différentes. Tous ces éléments me fascinent par leur poésie.
Comment as-tu réalisé ces images ? Pourquoi ce halo bleuté ?
Tout simplement avec mon boîtier numérique, souvent chez moi après une cueillette de plantes qui m’inspirait. Mes débuts étaient assez expérimentaux, jusqu’à ce que je trouve la lumière qui me parle. On distingue un halo sur mes images, comme l’atmosphère de la Terre vue de l’espace.
Avec ce halo bleuté, j’ai souhaité donner l’impression d’une balade dans l’espace… d’un voyage astral ! C’est l’âme qui se promène et que j’illustre à travers ces créations. Si les clichés semblent irréels, c’est justement parce qu’ils illustrent ce périple dans le cosmos… Observer la Terre depuis un satellite, c’est presque tout aussi étrange. Bien sûr, chacun est libre d’interpréter cette série comme il le souhaite, je ne fais qu’interroger notre existence.
© Marion Maimon