En 2015, le photographe ukrainien Sergey Melnitchenko déménage en Chine et est engagé, en tant que danseur, dans un cabaret. Behind the Scenes donne un aperçu cru et prenant de ce qui se cache derrière les paillettes.
Les images de Sergey Melnitchenko proposent une vision atypique de la danse, loin des clichés lisses à visée commerciale. Ses modèles exposent leur tristesse et leur fatigue, et les corps arborent les marques d’un travail acharné. Sous les lumières blanches et peu flatteuses des coulisses, les paillettes côtoient les larmes et la souffrance. « C’est l’envers du décor », explique Sergey. « La partie invisible de ces clubs. Derrière les rideaux, il n’y a rien de faux, les danseurs ne jouent pas. Ils vivent leur quotidien, sans artifice ». Une vie rythmée par les spectacles sensuels présentés par les clubs de Chine, où les visiteurs – souvent des touristes – viennent contempler ces corps qui cachent les blessures, les imperfections, sous un sourire éclatant et des costumes burlesques.
Le journal d’un danseur
Si les photographies de Sergey touchent, c’est parce qu’elles sont authentiques. Elles illustrent sa propre expérience, avec honnêteté. « Je dansais trois fois par semaine, et lorsque je ne travaillais pas, je prenais mon appareil et j’essayais d’immortaliser des instants marquants », confie le photographe. Celui-ci connaît les coulisses, il se maquille aux mêmes tables que ses modèles, et arpente les mêmes couloirs. Le club semble faire partie de lui, comme un décor issu de son esprit. « Des travestis, des femmes se baignant dans des baignoires remplies de bières, des visiteurs saouls… Tout ça, c’est mon bar. Le bar dans lequel je travaille, devenu une partie de moi », affirme Sergey. Behind the Scenes dévoile, avec une sincérité déconcertante, un univers effacé par les lumières du podium. Si la mise en scène fait partie du spectacle, les clichés, eux, sont criants de vérité. « Je souhaitais simplement documenter ma vie, et réussir à représenter ce monde et son atmosphère unique », conclut-il, simplement. Un aperçu censé et sensible du monde de la nuit.
© Sergey Melnitchenko