Sarah Balhadère et Maëva Benaiche, nos coups de cœur #362 explorent toutes deux les frontières de l’intime. L’une poursuit un travail de mémoire, tandis que la seconde se concentre sur l’introspection.
Un champ de tulipes infini, une fleur vaporeuse portée au cou d’une femme inconnue, un jeu d’ombres enivrant sur un dos nu … Autant de merveilles du quotidien qui composent l’univers de Sarah Balhadère. Dès son plus jeune âge, l’artiste est mue par l’envie de filmer sa famille, de capturer chaque instant pour apposer une marque sur le temps. Très vite, elle prend conscience de l’importance de ce travail de mémoire. Grâce à son entourage, elle se dirige vers la photographie, et c’est en ces mots qu’elle le rappelle : « Ma famille a réalisé avant moi la valeur de la photographie dans ma vie ». S’émerveillant d’un rien, Sarah Balhadère se laisse porter par les rencontres et par son intuition créatrice. Dotée d’une âme sensible, elle crée, sans vraiment s’en rendre compte, des scènes d’une grande douceur. « Je crois que ma sensibilité provoque beaucoup d’anxiétés dans ma vie, alors inconsciemment, en photographie, je me focalise sur des choses qui me rassurent », confie-t-elle. Admirer le travail de Sarah Balhadère, c’est trouver un lieu dans lequel se reposer, à l’abri des menaces et de toute animosité.
© Sarah Balhadère
Maëva Benaiche
« Le thème récurrent de mon travail ? L’intime. Tous mes sujets l’incluent, de près ou de loin. J’interroge en allant voir ailleurs, celles et ceux qui ont vécus ou vivent les mêmes choses que moi. La pluralité des comportements face à une même situation m’a toujours intriguée. Je suis en perpétuelle recherche d’approfondissement de moi-même »,
confie Maëva Benaiche. À 24, la jeune photographe, diplômée de l’ETPA de Toulouse, poursuit inlassablement sa quête identitaire, armée de son boîtier. Inspirée par l’humanisme de Robert Doisneau, comme par les œuvres de Jane Evelyn Atwood, Diane Arbus, Alain Keler ou encore Antoine D’Agata, elle pose sur le monde un regard empli de sagesse et de compassion. Dans un univers monochrome aux flous mystérieux, introspectifs, elle imagine des récits qui résonnent au plus profond de son être. C’est le cas de Magma, un projet né durant sa troisième année d’étude et inspiré par son bégaiement. « J’y mets la disfluence en lumière, c’est un sujet encore trop peu représenté. Je me suis fait accompagner d’une psychologue, qui m’aide beaucoup et sans qui la série n’aurait pas été la même chose », poursuit-elle. Un portrait sensible brodé de métaphores.
© Maëva Benaiche
Image d’ouverture : © Sarah Balhadère