En 2005, Martin Amis, le gérant du site photobookstore, décide de passer derrière l’objectif. Il se lance alors dans un projet de longue haleine : documenter le quotidien des courses hippiques. Son livre, The Gamblers, dresse un portrait exaltant des habitués des hippodromes.
Pour Martin Amis, les courses hippiques sont une affaire de famille. Enfant, son père l’emmenait avec lui à l’hippodrome. Alors qu’il commence la photographie, ce lieu s’impose à lui comme un gigantesque terrain d’expérimentation. « Les courses sont un endroit idéal pour observer les gens tout autant que les chevaux. On y voit de curieux personnages, qui rendent immédiatement les photographies intéressantes », explique le photographe. Au contact de ces hommes, The Gamblers voit le jour. Une virée au cœur de l’excitation que procurent les courses. C’est cette émotion brute que recherche Amis, un souvenir de cette exaltation, du risque à la joie, ou à l’effroi. « Au bout d’un moment, j’ai compris qu’il me fallait suivre un groupe de spectateurs, et mettre en lumière cette agitation, cet incroyable dynamisme ».
Se mêler à la foule en délire
The Gamblers
s’inscrit dans un récit authentique. Un aperçu à la fois comique et exaltant du monde des turfistes. Si l’agitation est palpable, c’est grâce au photographe, et à sa participation aux paris hippiques. Pendant douze ans, Amis retourne dans ces lieux, s’imprègne de son énergie, et de son identité. Il y retrouve, étrangement, le petit garçon de son passé, qui observait déjà, avec fascination, les joueurs s’agiter autour des résultats. « Je pense que mes souvenirs ont joué un grand rôle dans la création du livre », explique-t-il. « J’ai même remarqué que j’avais involontairement pris la plupart des images du point de vue d’un enfant ». Un lien affectueux, qui le conduit à abandonner sa place d’ « observateur impartial », pour se mêler à la foule en délire. Là, au milieu des exclamations, il s’imprègne de l’atmosphère des courses, et dirige son appareil vers une communauté dont il fait partie. « Je me suis surpris à parier sur certains chevaux », confie Amis. « Me joindre aux turfistes m’a aidé à rester discret, à dissimuler mon appareil photo pour mieux illustrer ce monde étrange ».
© Martin Amis
The Gamblers, Éditions RRB Publishing, 40 £, 104 p.