Photographe de mode, Aldo Giarelli restitue dans sa dernière série, We are Everywhere, des corps queers à la fois sexualisés et divers.
« Le titre de ce projet était la devise de la communauté LGBTQIA+ pendant les émeutes des années 1970. C’était à la fois une déclaration, une demande de visibilité et une menace », explique le photographe fasciné par « tous les types de corps, surtout dans la manière d’exprimer leur sexualité ». Partant du constat que l’industrie de la mode pour laquelle il travaille utilise beaucoup le queer coding voire le queer bait (respectivement le « vocabulaire queer » et l’ « appâtage queer », ndlr) en se servant de corps considérés comme beaux selon des normes traditionnelles, Aldo Giarelli veut restituer le bizarre et l’étrangeté associés au terme pour mieux réaffirmer la sexualisation comme un puissant outil d’autodétermination. « Mon projet vise à montrer des corps qui veulent briser les normes par l’exposition de leur sexualité, de leur variété et de leur volonté de s’affirmer. L’affirmation sexuelle est le point principal d’une révolution qui vise à atteindre une neutralité de la perception du corps », précise-t-il. Saisis dans un flash qui déchire la nuit noire, les corps exultent, se goinfrent, jouissent sous les lumières crues d’intérieurs détournés. En public, seul ou à plusieurs, ils occupent l’espace. Le plaisir leur est une substance qui se passe de bouche en bouche, coule ou s’avale, une couleur giclée que le regard saisit en plein, quand l’œil, toujours affamé, crie « encore » et se lèche les babines. « En fait, l’homosexualité reste quelque chose que nous ne voulons pas, quelque chose de non conforme qui nous fait sortir de notre zone de confort », conclut-il.