Au micro de « regardez voir » #97

05 juin 2019   •  
Écrit par Mélanie Baume
Au micro de « regardez voir » #97

Exposée au festival ImageSingulières, la série Gold River / Irak, signée Mathias Depardon, révèle le patrimoine naturel de la Mésopotamie, frappée par une crise d’eau. Focus ensuite sur l’un des derniers ateliers de tirage argentique de France, Diamantino Labo Photo, situé à Bagnolet.

Au festival ImageSingulières, à Sète, avec Gold River / Irak, Mathias Depardon nous transporte sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves de la Mésopotamie. C’est d’ailleurs à la source des deux rivières, en Turquie, que le photographe de 39 ans a demeuré pendant 5 ans, dans la ville de Hasankeyf. Mais cette résidence, menée pour documenter la problématique de l’eau dans la région, s’est interrompue subitement il y a deux ans. Après avoir été accusé de propagande terroriste pour le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Mathias Depardon s’est vu emprisonné, puis expulsé de ce pays qu’il aimait tant. Depuis, il mène l’enquête en Irak sur la conséquence de la politique de l’eau par le gouvernement turc. Étiré sur une période de neuf ans, son projet, Gold Rivers, met aussi en valeur la région de la Mésopotamie traversée par les deux cours d’eau. L’objectif du photographe ? « Combattre ces clichés photographiques que l’on peut retrouver dans cette région […] ou du moins essayer ». Les photographies exposées à ImageSingulières offrent un nouveau regard sur l’Irak, un pays souvent considéré comme « sous-développé » depuis une vingtaine d’années. Le photographe a choisi de capturer la beauté des berges des marais et ses habitants, justifiant son nouveau statut de patrimoine naturel de l’UNESCO. Une exposition singulière et dénonciatrice, à retrouver à l’ancien cinéma Rio de Sète, jusqu’au 16 juin.

Brigitte Patient mentionne aussi l’exposition de la photographe anglaise Vanessa Winship, réalisée suite à son séjour en résidence à Sète. La photographe de l’Agence Vu est la seule femme à avoir obtenu le prix Cartier-Bresson en 2011. Son travail explore le territoire ainsi que le quotidien des habitants. Un projet prolongé en un ouvrage, Sète #19, publié aux éditions Le bec en l’air.

 

 

© Mathias Depardon

© Mathias Depardon

© Mathias Depardon

Révéler les émotions associées aux images

Au sein du monde de la photographie, de plus en plus numérique, l’un des derniers ateliers de tirages argentiques Diamantino Labo Photo poursuit ses activités. Diamantino Quintas, le tireur-filtreur qui a fondé le laboratoire il y a 9 ans, aujourd’hui situé à Bagnolet, nous invite dans son univers. Son atelier est le seul à former des jeunes, en France, et dans le monde. « C’est un métier qui ne demande pas seulement une bonne maîtrise technique, il exige aussi toute la sensibilité du tireur, pour comprendre l’univers de l’artiste, et exprimer le potentiel de sa photographie », explique ce dernier. Un travail soigné qui demande de la précision et de la concentration. Dans le passé, ce métier était très hiérarchisé : chacun avait une spécialité (couleur ou noir et blanc par exemple). Dorénavant, le tireur-filtreur apprend à ses élèves toutes les différentes techniques afin de révéler les émotions associées aux images. Un aperçu sur un métier qui tend à se perdre.

 

À g. le nouveau laboratoire à Bagnolet et à d. Accrochage d’une photo de Maria Callas photographiés par Tom Volf © Diamantino Quintas

Image d’ouverture © Mathias Depardon

Explorez
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
Totems de mémoire en forêt © Alexandre Dupeyron
Que reste-t-il après le feu ? : des images, des voix, des actifs
À l’écomusée de Marquèze, jusqu’au 28 septembre 2025, l’exposition 600° – La forêt après le feu du collectif LesAssociés, pose une...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Hendrik Paul : un besoin de nuit
© Hendrik Paul, Dark Light
Hendrik Paul : un besoin de nuit
Avec Dark Light, Hendrik Paul signe un livre de photographie argentique en noir et blanc, publié chez Datz Press, qui explore la nuit, le...
17 juin 2025   •  
Écrit par Milena III
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
© Fisheye Magazine
Hommage à Sebastião Salgado, humaniste soucieux de la nature
Sebastião Salgado est décédé ce vendredi 23 mai 2025 à l’âge de 81 ans. Tout au long de sa carrière, le photographe a posé un regard...
26 mai 2025   •  
Écrit par Eric Karsenty
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
© Aletheia Casey
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil d’Aletheia Casey, dont nous vous avons déjà parlé il y a quelques mois. Pour Fisheye, elle...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III