Exposée au festival ImageSingulières, la série Gold River / Irak, signée Mathias Depardon, révèle le patrimoine naturel de la Mésopotamie, frappée par une crise d’eau. Focus ensuite sur l’un des derniers ateliers de tirage argentique de France, Diamantino Labo Photo, situé à Bagnolet.
Au festival ImageSingulières, à Sète, avec Gold River / Irak, Mathias Depardon nous transporte sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves de la Mésopotamie. C’est d’ailleurs à la source des deux rivières, en Turquie, que le photographe de 39 ans a demeuré pendant 5 ans, dans la ville de Hasankeyf. Mais cette résidence, menée pour documenter la problématique de l’eau dans la région, s’est interrompue subitement il y a deux ans. Après avoir été accusé de propagande terroriste pour le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Mathias Depardon s’est vu emprisonné, puis expulsé de ce pays qu’il aimait tant. Depuis, il mène l’enquête en Irak sur la conséquence de la politique de l’eau par le gouvernement turc. Étiré sur une période de neuf ans, son projet, Gold Rivers, met aussi en valeur la région de la Mésopotamie traversée par les deux cours d’eau. L’objectif du photographe ? « Combattre ces clichés photographiques que l’on peut retrouver dans cette région […] ou du moins essayer ». Les photographies exposées à ImageSingulières offrent un nouveau regard sur l’Irak, un pays souvent considéré comme « sous-développé » depuis une vingtaine d’années. Le photographe a choisi de capturer la beauté des berges des marais et ses habitants, justifiant son nouveau statut de patrimoine naturel de l’UNESCO. Une exposition singulière et dénonciatrice, à retrouver à l’ancien cinéma Rio de Sète, jusqu’au 16 juin.
Brigitte Patient mentionne aussi l’exposition de la photographe anglaise Vanessa Winship, réalisée suite à son séjour en résidence à Sète. La photographe de l’Agence Vu est la seule femme à avoir obtenu le prix Cartier-Bresson en 2011. Son travail explore le territoire ainsi que le quotidien des habitants. Un projet prolongé en un ouvrage, Sète #19, publié aux éditions Le bec en l’air.
© Mathias Depardon
Révéler les émotions associées aux images
Au sein du monde de la photographie, de plus en plus numérique, l’un des derniers ateliers de tirages argentiques Diamantino Labo Photo poursuit ses activités. Diamantino Quintas, le tireur-filtreur qui a fondé le laboratoire il y a 9 ans, aujourd’hui situé à Bagnolet, nous invite dans son univers. Son atelier est le seul à former des jeunes, en France, et dans le monde. « C’est un métier qui ne demande pas seulement une bonne maîtrise technique, il exige aussi toute la sensibilité du tireur, pour comprendre l’univers de l’artiste, et exprimer le potentiel de sa photographie », explique ce dernier. Un travail soigné qui demande de la précision et de la concentration. Dans le passé, ce métier était très hiérarchisé : chacun avait une spécialité (couleur ou noir et blanc par exemple). Dorénavant, le tireur-filtreur apprend à ses élèves toutes les différentes techniques afin de révéler les émotions associées aux images. Un aperçu sur un métier qui tend à se perdre.
À g. le nouveau laboratoire à Bagnolet et à d. Accrochage d’une photo de Maria Callas photographiés par Tom Volf © Diamantino Quintas
Image d’ouverture © Mathias Depardon