Les deux syllabes par lesquelles se désigne notre artiste suggèrent simplicité et sérénité : « Béa ». La quarantaine, Béa Henri convoque une émotion pure, rêve d’un monde libre, voit chaque création comme « un voyage du cœur », et passe sans cesse de l’ombre à la lumière, pour s’émerveiller chaque jour davantage de celles-ci. Ses images au grain savoureux et au style accrocheur racontent ce qui l’inspire, soit « toutes ces histoires qui ne se voient pas ». Autodidacte, elle revendique une approche sensuelle et émotionnelle, voire parfois volontiers surréaliste. « Sur le son de la musique, ou du silence, d’un mouvement à l’autre, j’explore mes photos. J’ai des mots qui me viennent à l’esprit, je les dispose les uns par rapport aux autres en ne tenant pas compte de leur lisibilité. Puis par la suite, en découlent un visage, des corps, des paysages irréels. L’imaginaire, mon monde », révèle l’artiste. Si cette dernière est sensible à la nostalgie, c’est sans doute parce qu’elle a grandi dans le Sud de la France, et « vien[t] d’une famille qui a traversé la mer, rapatriée depuis le Vietnam pendant la guerre. » Son enfance, elle confie l’avoir vécue de manière ni ordinaire ni extraordinaire, dans un ancien camp militaire, bercée par la joie et l’amour de sa mère. « Rien ne manquait », confie-t-elle. Si les grands espaces terrestres et l’influence des contrées sauvages ont la part belle dans son œuvre, c’est en fin de compte toujours vers l’au-delà que semblent s’orienter ses méditations photographiques. En témoignent les nombreuses vues en contre-plongée, les croquis mathématiques qui viennent esquisser un visage, ou les ondes qu’elle créé numériquement : une manière, peut-être, de convoquer les esprits. Avec style et élégance, Béa Henri propose un voyage au cœur du vivant, presque comme des poèmes quantiques. Ses phrases, à l’image de ses œuvres, se donnent à entendre, parfois, comme des énigmes. Son mot de la fin ? « Mon premier et dernier regard se tournent toujours vers le ciel ».
Béa Henri, voyage au cœur du vivant
© Béa Henri
Explorez
© Valentine de Villemeur
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Valentine de Villemeur. La photographe a consigné le parcours de sa procréation...
G-Book © Yu Hsuan Chang
Dans des collectes effrénées d’images, la photographe taïwanaise Yu Hsuan Chang transcrit autant la beauté de son pays que la puissance...
© Neoklis Delegos / Instagram
Il est un sens dont on ne peut se passer : le toucher. La peau, point de contact entre soi et l’autre, devient un intermédiaire. Les...
© Philippine Schaefer
Dans l’obscurité feutrée de la chambre noire, Philippine Schaefer laisse ses mains, son corps et ses intuitions tracer des images à la...
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sein und werden Être et devenir. FREELENS HAMBURG PORTFOLIO REVIEWS © Simon Gerliner
Les expositions photographiques se comptent par dizaines, en France comme à l’étranger. Les artistes présentent autant d’écritures que de...
© Louise A. Depaume, Trouble / courtesy of the artist and festival Les Femmes et la mer
Cette année, le festival photographique du Guilvinec, dans le Finistère, prend un nouveau nom le temps de l'été : Les femmes et la mer....
© Mathias Zwick / Inland Stories. En jeu !, 2023
Quelle meilleure façon de démarrer les Rencontres d’Arles 2025 qu’avec un battle d’images ? C’est la proposition d’Inland Stories pour la...
© Nicholas Ip / Instagram
Annonçant la fin de l’été, le mois de septembre est pour beaucoup synonyme de rentrée. Source d’enthousiasme pour certain·es...