Ce qui se cache dans l’ombre

24 avril 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Ce qui se cache dans l'ombre

Les photographies de rue de Valérie Six sont empreintes d’une atmosphère singulière. Dans Shades of Thoughts, une série poétique où l’urbain est sublimé, la photographe française joue avec l’ombre et les contrastes.

Pour Valérie Six, la spontanéité est primordiale dans la photographie. Peu intéressée par la mise en scène, elle s’aventure au contact du monde pour réaliser ses clichés. « Tant de choses m’inspirent », confie l’artiste. « L’assemblage d’éléments – beaux ou laids – dans l’espace, une lumière, une tonalité, une atmosphère, une posture, un détail incongru… la possibilité de figer des instants qui me surprennent ». Imaginées comme des saynètes théâtrales, ses images urbaines, insolites et mystérieuses, appellent la narration.

Si la ville attire la photographe, c’est grâce à son passé. Dans les années 1980, elle part en Chine et assiste au développement phénoménal du pays. En 2012, elle découvre Dubaï et sa grandiloquence, une oasis urbaine dans le désert. Ses voyages la forment et deviennent un terrain de jeux indispensable : une multitude d’espaces, d’architectures uniques, portés par une société en pleine effervescence. « Ces expériences m’ont rendue plus attentive à la complexité humaine, à l’influence des traditions et des religions sur les comportements et les opinions », ajoute-t-elle. Cette diversité humaine l’enchante, l’aide à composer ses images et à révéler la singularité de chaque individu.

© Valérie Six

Ombres et lumières

Graphiques, les photographies de Valérie sont portées par des contrastes saisissants. Les expressions des hommes, les couleurs des vêtements sont sublimées par des clairs-obscurs tranchés. Un procédé populaire du 17e siècle qui laissait deviner, dans la peinture, le fil du récit dans une scène de vie, en illuminant certains détails. « Les jeux d’ombres et lumières permettent une certaine simplification visuelle, une volonté d’essentialisation que j’affectionne, qui me vient de mon intérêt pour la peinture abstraite, et de mon amour de la peinture flamande », précise la photographe. Mais cette obscurité est également symbolique. Les répercussions d’un passé douloureux pour l’artiste, pour qui l’ombre était alors synonyme de refuge. La lumière, elle, s’impose comme une présence bienveillante dans les clichés sombres. Si la noirceur domine, elle magnifie ces éclats de lumière, perçus par Valérie comme des « lueurs d’espoir ».

Symboliques, les photographies de Shades of Thoughts transforment l’urbain, et enchantent des scènes du quotidien. Une vision romancée de la ville, transcendée par l’obscurité.

© Valérie Six

© Valérie Six

© Valérie Six

© Valérie Six© Valérie Six
© Valérie Six

© Valérie Six© Valérie Six© Valérie Six© Valérie Six

© Valérie Six

Explorez
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
© Suwon Lee, Pico Bolívar I, 2025 / Courtesy of Sorondo Projects
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
Présentée cette année par Sorondo Projects (Barcelone) à Paris Photo, la série The Sacred Mountain de Suwon Lee raconte une quête...
14 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Milena III
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
The root of all that lives, 2020 © Tyler Mitchell. Courtesy de l'artiste et de la Galerie Gagosian
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet