Jusqu’au 4 mars, la galerie Camera Obscura accueille les séries Misr et Le pouvoir des fleurs de Denis Dailleux. À l’occasion de cette exposition, nous laissons la parole à son commissaire Didier Brousse, qui nous a confié quelques anecdotes et impressions personnelles sur le travail de l’artiste. Immersion dans son langage poétique.
« Pourquoi Denis Dailleux ? C’est une vieille histoire. J’ai connu son travail en 1996 ou 1997. C’était le début de son œuvre sur l’Égypte où il a habité pendant une quinzaine d’années. C’est la période où il a basculé sur la couleur. Je l’avais rencontré, car je faisais partie d’un jury de photographies, et Denis avait reçu le premier prix, j’avais donc proposé de l’exposer. Son travail est selon moi un travail de fond et d’amour. En témoigne d’ailleurs le nom de son premier livre, Habibi Cairo (Le Caire, mon amour). Dans son œuvre émane une espèce de magie de la rencontre. C’est un grand créateur d’atmosphère. Avec lui, il y a toujours une oscillation de pénombre et de clair-obscur, et puis formellement c’est magnifiquement fait. Les compositions, les souvenirs, les choses picturales, le format carré… Tout cela fait son style. Denis sait communiquer avec les gens. C’est quelqu’un qui a une grande empathie et sympathie pour les autres. L’une de mes images préférées de l’exposition est celle du garçon au ballon. C’est une offrande. Je l’ai d’ailleurs choisi pour le carton d’invitation. Lui ne l’avait pas choisi pour l’exposition, car il ne l’avait pas tirée. C’est seulement en recherchant dans ses négatifs et planches contacts qu’il l’a retrouvée. Elle est d’ailleurs assez vieille puisqu’elle date de 2002. Elle est gorgée de beauté, de sérénité, de festivité populaire, mais en même temps elle possède une noblesse dans la présence du jeune homme. Venant lui-même d’un milieu populaire, Denis Dailleux se plait à photographier ces personnes, à montrer tout ce qu’iels possèdent de noble. Même si le jeune vend ses ballons, c’est comme s’il nous en faisait cadeau… »
© Denis Dailleux