Les coups de cœur #424

16 janvier 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #424

Nos coups de cœur #424, Isabelle Scotta et Quentin Cherrier capturent chacun·e le monde avec une vision particulière. L’une fige un univers rétrofuturiste et l’autre retranscrit son quotidien avec humour.

Isabelle Scotta

« Dans mon travail, je couvre des événements artistiques, culturels et d’entreprise. J’accompagne également des artistes pour leur communication. Ma démarche personnelle, en revanche, est dénuée de figure humaine. Je m’appuie sur des objets, des architectures laissées par l’Homme pour interroger la manière dont il rêve et s’adapte à son territoire »,

raconte Isabelle Scotta. Née à Brest en 1979, la photographe est aujourd’hui établie à Paris. C’est pourtant à Royan qu’elle compose Tropicalism, en hommage à l’architecture de la ville : le modernisme tropical, « un modèle brésilien des années 1940 », précise l’autrice. Une esthétique renvoyant à une fantaisie, un rêve balnéaire sublimant le territoire. De nuit, sous les lueurs des néons, dans la brume vaporeuse, Isabelle Scotta capte un univers rétrofuturiste que l’humanité semble avoir abandonné. Loin des photographies emblématiques du littoral, elle livre un récit aux frontières de l’onirisme, sublimé par la pénombre. « Cette architecture pourtant tournée vers le soleil est ici paradoxalement capturée dans l’obscurité, car il s’agit pour moi d’un vieux rêve déchu que l’on devine grâce aux lumières artificielles de la ville. Il ne reste que le décor d’un monde utopiste et sans issue », précise-t-elle alors.

© Isabelle Scotta

© Isabelle Scotta© Isabelle Scotta
© Isabelle Scotta© Isabelle Scotta

© Isabelle Scotta

© Isabelle Scotta

Quentin Cherrier

Spécialiste en « photographie de rue à la sauvette », Quentin Cherrier, 37 ans, a fait ses armes lors de diverses soirées electros à Paris. Un exercice qui lui apprend la gestion du mouvement et de la lumière. Aujourd’hui, après quelques reportages et « une expo sauvage collée 80 fois sur les murs de la capitale depuis dix ans », il poursuit ses déambulations urbaines et capte l’insolite comme le poétique, avec un humour bien affirmé. « Ma prise de vue est discrète et rapide, pas forcément avec mon boîtier à l’œil. Je prends beaucoup de photos en le portant au niveau de mon ventre… J’aime dire que je shoote avec mes tripes plutôt qu’avec mes yeux ! », s’amuse-t-il. Un travail de longue haleine qu’il fige aujourd’hui dans les pages d’un ouvrage regroupant « six ans de marches dans 23 mégalopoles aux quatre coins du monde ». Instants de grâce découverts au détour d’une rue, rencontres fugaces entre deux métros, lignes graphiques au pied d’une avenue… l’auteur entend partager avec ses lecteurices son goût de l’imprévisible, les inclure dans son périple. « Je veux qu’ils et elles se perdent, comme moi, dans ce qui n’est au fond qu’une grande planète qui déborde », conclut-il.

© Quentin Cherrier

© Quentin Cherrier© Quentin Cherrier
© Quentin Cherrier© Quentin Cherrier

© Quentin Cherrier

© Quentin Cherrier

Image d’ouverture : © Quentin Cherrier

Explorez
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
30 avril 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
© Guillaume Nedellec
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
Nos coups de cœur de la semaine, Guillaume Nedellec et Simona Pampallona, nous plongent tous·tes deux dans une esthétique en...
29 avril 2024   •  
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
05:07
© Fisheye Magazine
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, et en l’honneur de Signal, sa rétrospective, accueillie jusqu’au 30 juin 2024 au Palais...
01 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
© Paul Van Trigt
Les émeutes visuelles de Paul Van Trigt
Impliqué dans la scène musicale expérimentale depuis de nombreuses années, aussi bien avec ses projets MOT et IDLER qu'avec ses travaux...
01 mai 2024   •  
Écrit par Milena Ill
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
© Andres Serrano
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
Jusqu’au 29 juin 2024, la Fondation Francès célèbre ses 15 ans à travers l’exposition XXH 15 ans - Temps 1. Par les œuvres des artistes...
01 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina