Jusqu’au 20 juillet, le centre d’art Bildhalle à Amsterdam, accueille la photographe et artiste visuelle Chantal Elisabeth Ariëns, qui se penche dans son travail sur l’intimité et l’inconscient. Son univers mélancolique explore notre vie émotionnelle.
Les travaux de l’artiste Chantal Elisabeth Ariëns associent la force de notre « moi » intérieur à notre extérieur physique, représenté comme fragile et délicat. Ce dialogue permanent fait écho à celui de notre conscient et inconscient : nous sommes pris·es entre deux pulsions, celle du désir et celle de l’immobilité. Ces contrastes s’expriment aussi à travers une réflexion autour du mouvement, qui incarne sérénité et agitation à la fois, comme dans une danse en noir et blanc. La photographe cherche une forme d’éternité par ses jeux de lumières et d’ombres. Inlassablement, elle côtoie le rêve et crée des moments « translucides » qui annoncent et préparent un événement inattendu. En réalité, à travers son objectif, elle est en quête de la vie émotionnelle de ses modèles et tente de saisir les nuances de notre langage intérieur.
Un processus technique hors du commun
Chantal Elisabeth Ariëns utilise un processus technique hors du commun lui permettant d’obtenir les ambiances oniriques de ses photographies si particulières, flirtant entre le portrait, l’abstrait et la mode. C’est un travail qui, selon les curateurices, « respire la liberté et l’indépendance ». Le caractère unique de ses photographies est renforcé par le fait qu’elle travaille avec la gravure photopolymère, une ancienne technique d’impression. Comme l’explique l’artiste, lors de ce processus manuel qui prend beaucoup de temps, elle utilise une plaque d’impression exposée à un film photopolymère, puis de l’encre et ses mains pour donner vie aux images. Ce procédé lui permet de travailler comme un peintre : elle effleure couche après couche avec sa main pour que l’encre se répande sur les tirages d’art. L’image apparaît littéralement sous ses doigts. « J’ai fortement ressenti le besoin de créer de mes propres mains, quelque chose de tangible dans lequel je pouvais mettre mon âme. J’ai donc cherché une technique artisanale qui me permette de le faire. Cette recherche m’a conduit à la technique de la gravure photopolymère, elle explique. Je transfère d’abord mon image sur une plaque solaire, ce qui donne un nouveau négatif. Ce nouveau négatif me permet d’imprimer de manière traditionnelle. J’aime la structure, l’odeur, les innombrables nuances de noir et le processus artisanal. »