Clémentine Scholz et Catia Simões, nos coups de cœur de la semaine, dessinent les contours du corps humain sur leurs images. Si la première approche l’intime à travers la mode et le mouvement, la seconde transcende ses propres émotions par l’autoportrait.
Clémentine Scholz
« Au travers de mes réalisations, j’essaye de faire vivre une expérience visuelle et sensorielle », soutient Clémentine Scholz, une jeune plasticienne et photographe installée à Toulouse. Pour l’artiste, le médium s’inscrit dans la continuité de son travail plastique. Ses images teintées de douceur convoquent un univers pictural et cinématographique qui gravite autour de l’intime, la corporalité et le mouvement. « Je m’inspire de Christian Boltanski, particulièrement de sa réflexion sur le fait que la vie d’artiste n’est jamais privée, car en partageant cette intimité, elle résonne avec celle des autres », raconte-t-elle. Toujours sensible à la connexion avec ses modèles, l’autrice façonne ce qu’elle nomme des « saynètes dans lesquelles [elle] laisse à son modèle et [elle] la possibilité de se mouvoir ». Deux moitiés de grenades juteuses baignent dans la lumière, un drapé enveloppe une main gracieuse, un corset en dentelle dévoile une peau tatouée. Clémentine Scholz explore autant le portrait que la nature morte, mais dans chacun de ses clichés, une histoire s’écrit. « La mode, c’est une histoire et la photographie est là pour mettre en valeur ce récit et continuer de le faire vivre. Quand je crée un édito, j’imagine toujours en premier la tenue puis le lieu dans lequel elle va pouvoir s’épanouir », confie-t-elle. Finalement, l’appareil devient son outil de dialogue avec le monde. Elle conclut : « La photographie me passionne par son humanité, on partage quelque chose autant avec les lecteur·rices qu’avec les sujets qui sont immortalisés. »
Catia Simões
Pour Catia Simões, la photographie agit telle une thérapie, un catalyseur d’émotions. « Je souffre d’anxiété généralisée et de trouble de la panique. À travers le médium, j’ai découvert la forme la plus pure d’expression de soi, conçoit-elle. J’y ai trouvé un foyer, un environnement sûr pour extérioriser mes sentiments avec plus de légèreté. » Dans des portraits d’êtres qui lui sont chers, et plus particulièrement dans des autoportraits sublimés, l’artiste brésilienne cherche le confort auquel aspirent les humain·es. « Le corps peut devenir une forme d’expression très puissante. Il oscille entre vulnérabilité et force, et je ne parle pas de notre force physique, mais de notre force intérieure », soutient la photographe. Son propre corps se transforme alors en terrain d’une quête à la quiétude, au calme personnel. La peau traduit des peines et l’appareil vient les guérir. « L’autoportrait est une façon de gérer la douleur du passé et d’éclaircir cette obscurité constante et ce brouillage de mon esprit », ajoute-t-elle. Cette approche de l’image lui offre également la possibilité d’inspirer les autres qui font aussi face à des démons. « L’autoportrait, c’est emmener les gens dans leur propre intimité, c’est pour cela que c’est tellement profond », soutient Catia Simões. Regard caméra ou ligne d’un dos, elle plonge dans ses abîmes : « D’une certaine manière, j’essaie toujours de montrer, par la photographie, qu’on peut se retrouver au milieu du chaos. »