Les coups de cœur #537 : Clémentine Scholz et Catia Simões

24 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #537 : Clémentine Scholz et Catia Simões
© Clémentine Scholz
buste d'une femme portant un corset et un collier de perles
© Clémentine Scholz

Clémentine Scholz et Catia Simões, nos coups de cœur de la semaine, dessinent les contours du corps humain sur leurs images. Si la première approche l’intime à travers la mode et le mouvement, la seconde transcende ses propres émotions par l’autoportrait.

Clémentine Scholz

« Au travers de mes réalisations, j’essaye de faire vivre une expérience visuelle et sensorielle », soutient Clémentine Scholz, une jeune plasticienne et photographe installée à Toulouse. Pour l’artiste, le médium s’inscrit dans la continuité de son travail plastique. Ses images teintées de douceur convoquent un univers pictural et cinématographique qui gravite autour de l’intime, la corporalité et le mouvement. « Je m’inspire de Christian Boltanski, particulièrement de sa réflexion sur le fait que la vie d’artiste n’est jamais privée, car en partageant cette intimité, elle résonne avec celle des autres », raconte-t-elle. Toujours sensible à la connexion avec ses modèles, l’autrice façonne ce qu’elle nomme des « saynètes dans lesquelles [elle] laisse à son modèle et [elle] la possibilité de se mouvoir ». Deux moitiés de grenades juteuses baignent dans la lumière, un drapé enveloppe une main gracieuse, un corset en dentelle dévoile une peau tatouée. Clémentine Scholz explore autant le portrait que la nature morte, mais dans chacun de ses clichés, une histoire s’écrit. « La mode, c’est une histoire et la photographie est là pour mettre en valeur ce récit et continuer de le faire vivre. Quand je crée un édito, j’imagine toujours en premier la tenue puis le lieu dans lequel elle va pouvoir s’épanouir », confie-t-elle. Finalement, l’appareil devient son outil de dialogue avec le monde. Elle conclut : « La photographie me passionne par son humanité, on partage quelque chose autant avec les lecteur·rices qu’avec les sujets qui sont immortalisés. »

Jaune d'œuf dans de l'eau bouillante
© Clémentine Scholz
Main dans un drap mouillé
© Clémentine Scholz
Femme accroupie devant un drap blanc et rouge
© Clémentine Scholz
Jambe dans un collant et chaussure pointue à talon
© Clémentine Scholz
Deux personnes allongées sur le ventre en fond des ombres de branches
© Catia Simões

Catia Simões

Pour Catia Simões, la photographie agit telle une thérapie, un catalyseur d’émotions. « Je souffre d’anxiété généralisée et de trouble de la panique. À travers le médium, j’ai découvert la forme la plus pure d’expression de soi, conçoit-elle. J’y ai trouvé un foyer, un environnement sûr pour extérioriser mes sentiments avec plus de légèreté. » Dans des portraits d’êtres qui lui sont chers, et plus particulièrement dans des autoportraits sublimés, l’artiste brésilienne cherche le confort auquel aspirent les humain·es. « Le corps peut devenir une forme d’expression très puissante. Il oscille entre vulnérabilité et force, et je ne parle pas de notre force physique, mais de notre force intérieure », soutient la photographe. Son propre corps se transforme alors en terrain d’une quête à la quiétude, au calme personnel. La peau traduit des peines et l’appareil vient les guérir. « L’autoportrait est une façon de gérer la douleur du passé et d’éclaircir cette obscurité constante et ce brouillage de mon esprit », ajoute-t-elle. Cette approche de l’image lui offre également la possibilité d’inspirer les autres qui font aussi face à des démons. « L’autoportrait, c’est emmener les gens dans leur propre intimité, c’est pour cela que c’est tellement profond », soutient Catia Simões. Regard caméra ou ligne d’un dos, elle plonge dans ses abîmes : « D’une certaine manière, j’essaie toujours de montrer, par la photographie, qu’on peut se retrouver au milieu du chaos. »

Une femme assise sur un lit, une lumière rouge en fond
© Catia Simões
Une femme dans son bain
© Catia Simões
Personne accroupie dans un cadre
© Catia Simões
Champ d'herbe à l'horizon en noir et blanc
© Catia Simões
Dos d'une personne qui baigne dans la lumière
© Catia Simões
À lire aussi
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
© Francesco Freddo
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
Clara Vincent et Francesco Freddo, nous coups de cœur de la semaine, se sont tous·tes les deux plongé·es dans le médium photographique…
10 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis
© Carmen Cabello
Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis
Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis, nos coups de cœur de la semaine, nous entraînent dans deux balades visuelles et poétiques où il est…
10 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici révèlent les corps et dénoncent les injonctions que nous leur collons. Ils et...
26 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
© Naïma Lecomte / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Naïma Lecomte. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste présente Ce qui borde à Planches...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
© Grant Harder
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature, et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 24 novembre 2025 : héritage, métamorphose et nature
Anish © Arhant Shrestha
Les images de la semaine du 24 novembre 2025 : héritage, métamorphose et nature
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent d’héritage et de métamorphoses, et vous offrent même une autre...
30 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
Rikka, la petite Balinaise, Fernand Nathan, Paris, 1956 © Dominique Darbois, Françoise Denoyelle.
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine