Nikita Shchukin et Jo Fetto, nos coups de cœur de la semaine, saisissent tous deux des corps délicats. Le premier, dans une quête d’expérimentation, l’aborde à travers divers genres photographiques, tandis que le second les mêle avec l’histoire italienne dans des tableaux sensuels.
Nikita Shchukin
Photographie de mode, flou artistique, abstraction ou image documentaire, Nikita Shchukin ne se contente pas d’un seul genre artistique. Vivant à Soukhoumi, en république d’Abkhazie, il expérimente le médium à son gré, tant qu’il peut observer une évolution de son travail. « Toutes les images proviennent de mon subconscient, qui veut me dire quelque chose. Et ma tâche consiste à les voir et à les déchiffrer. C’est pourquoi je trouve intéressant de comparer mes séries anciennes avec celles plus récentes afin de suivre la progression de mon approche photographique et de comprendre à quel point et comment j’ai changé », précise-t-il. Les clichés de Nikita Shchukin oscillent entre le mouvement, le grain doux, la lumière naturelle et une délicatesse monochrome. On y perçoit des sirènes modernes tenant des épuisettes, des danseur·ses flouté·es par leur gestuelle ou des figures qui semblent sortir des pages de contes de fées. « Je crois que les photographies doivent être agréables à regarder, en accord avec notre pensée primitive et nos réflexes », ajoute-t-il avec conviction.
Jo Fetto
De beaux hommes aux corps de statues romaines. Des plis soyeux de peaux granuleuses et des fesses rebondies. Jo Fetto, photographe, réalisateur, « artiste-sorcier » – pour employer ses mots – pose sur sa vie et son cercle « un regard documentaire-mystique ». « La plupart de mes photographies explorent ma propre tradition, tout en invitant et en incitant le spectateur à réfléchir sur sa propre intériorité », soutient-il. Originaire de Naples, en Italie, et ayant grandi dans un dojo, avec un père professeur de judo, il croise l’étude du corps avec l’histoire locale de ce territoire. « Le syncrétisme est omniprésent dans cette ville, qui a toujours été un port d’accueil pour les artistes depuis des milliers d’années », poursuit l’auteur. Jo Fetto réalise ainsi des tableaux épiques dignes d’une mythologie moderne où luxure, magie, philosophie et religion s’entremêlent avec délicatesse. Une façon pour l’artiste d’explorer l’ère « post-passage à l’âge adulte ».