Dans l’œil de Juliette-Andréa Élie : éprouver le paysage qui se transforme

22 juillet 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de Juliette-Andréa Élie : éprouver le paysage qui se transforme
© Juliette-Andréa Élie, œuvre réalisée dans le cadre d'une résidence au musée Nicéphore Niépce
Juliette-AndréaÉlie
« Dans cette série, le fil utilisé se compose de cheveux. Ici, ils servent à fixer le voile et prennent aussi part au paysage comme des herbes folles, dans le prolongement des blés.  »

Cette semaine, plongée dans l’œil de Juliette-Andréa Élie. Au moyen de diverses techniques, la photographe et plasticienne compose des paysages uniques qui témoignent notamment des effets de l’activité humaine sur la planète. Pour Fisheye, elle revient en détail sur l’une de ses nouvelles images. 

« En septembre 2023, Laurent Vallon, du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône, me propose une résidence au croisement de la photographie et de la couture. Retravaillant mes images en gaufrant le tirage, je suis particulièrement sensible à l’expérimentation de la matière. Le fil cousu comme une suture ou comme un lien pour assembler des fragments entre eux me semble être des pistes fertiles. Au long de ces derniers mois, au gré des tentatives avec les couturières en formation au lycée Émiland Gauthey, la série prend forme. 

L’image choisie ici est un objet photographique composé de deux strates : le tirage et un voile d’organdi imprimé de la même image. Ce tissu retourné, roulé, plié par endroits est cousu au support. C’est une vision en miroir, une vision qui se dédouble, sans être tout à fait la même. C’est une sorte d’ombre aussi, un peu comme celle de Peter Pan qui est devenue autonome et qu’il cherche à recoudre. Cette épaisseur qui glisse évoque le film gélatineux d’un tirage argentique, que l’on peut détacher, rendant l’image souple, presque liquide, comme si le paysage n’était pas figé mais bien en transformation. C’est un souvenir qui se déplie de la mémoire, avec ces endroits troubles.

Dans cette série, le fil utilisé se compose de cheveux. Ici, ils servent à fixer le voile et prennent aussi part au paysage comme des herbes folles, dans le prolongement des blés. Je me promène dans ces sensations où le corps fait fusion avec les éléments a priori extérieurs. Ou comment le paysage nous traverse autant qu’on le traverse. »

À lire aussi
Juliette-Andréa Élie : Feux de détresse
© Juliette-Andréa Élie
Juliette-Andréa Élie : Feux de détresse
Dans des compositions aux nuances de l’urgence, oscillant du rose pâle au sépia, Juliette-Andréa Élie…
27 juillet 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l'œil de Sabatina Leccia : le charme onirique de la nature
© Sabatina Leccia, Traverser la nuit, 2023 / Courtesy of Galerie XII
Dans l’œil de Sabatina Leccia : le charme onirique de la nature
Cette semaine, plongée dans l’œil de Sabatina Leccia, artiste française qui se plaît à expérimenter avec la matière. Pour Fisheye, elle…
18 mars 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
© Stephanie O'Connor
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
En 2025, la France célèbre la mer dans l’objectif de sensibiliser les populations aux enjeux qui découlent de ces territoires. À...
19 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
© Pierre Rahier. Le silence de la vallée
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
Depuis près de dix ans, à travers sa série Le Silence de la vallée, Pierre Rahier documente son environnement familial dans une vallée...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
The Scylla/Charybdis Temporal Rift Paradox 2025. Installation : soieries, bras robotisé, vidéo, lumières leds et Uvs (détail). © Mounir Ayache
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
Jusqu’au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille la deuxième édition de son festival dédié aux images contemporaines : Paysages mouvants....
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina