Cette semaine, plongée dans l’œil d’ORLAN. Précurseuse dans l’art contemporain, l’artiste française dévoile une partie essentielle de ses créations pluridisciplinaires au festival PhotoEspaña 2023 à Madrid. De ses autoportraits en noir et blanc à ses auto-hybridations, la Française ne cesse de créer et d’affirmer son point de vue féministe en encourageant les femmes à sortir de l’ombre. Pour Fisheye, elle revient pour nous sur l’une de ses images.
« Ce visuel est issu de la série Les femmes qui pleurent sont en colère. J’y questionne la position de la femme dans la sphère artistique contemporaine et interroge le statut du corps par le biais des pressions culturelles, traditionnelles, politiques et religieuses. Celui-ci, je l’ai réalisé en 2019 à partir d’un portrait de Dora Maar peint par Pablo Picasso. Il la peignait toujours en train de pleurer. J’ai donc fait ces œuvres pour les femmes de l’ombre, pour leur dire : arrêtez de subir, de pleurer et d’être des objets. Émancipez-vous, parlez haut et fort, n’intégrez pas le discours expliquant qu’il faudrait que les femmes soient discrètes, tranquilles et gentilles. En fait, ce qui était important pour moi, c’était de mélanger cette peinture avec des éléments de mon visage. On y retrouve mes yeux exorbités, mon oreille à l’envers, mes bosses qui démontrent ma propre émancipation et surtout ma bouche de travers en train de hurler et prête à mordre. Derrière les hommes, il faut absolument sortir de l’ombre, même si c’est en hurlant. Je suis féministe et, effectivement, je pense qu’il est intéressant de revisiter non pas uniquement Picasso, mais tous ces hommes qui ont eu des muses, des modèles, des inspiratrices qui ont beaucoup donné pour leur notoriété. »
« Derrière les hommes, il faut absolument sortir de l’ombre, même si c’est en hurlant. »