Publié aux éditions Hat & Beard Press, Divine, le nouveau livre de Delphine Diallo regroupe ses portraits les plus iconiques. Un objet réaffirmant la volonté de la photographe de capturer, avec force et dignité, les femmes noires.
« J’ouvre l’espace créatif aux ancêtres, aux protecteur·ices, aux gardien·nes, aux soignant·es et aux guerrier·res de la lumière. Manifestez votre pouvoir !!!! »
C’est avec cette déclaration, ce cri à l’intention du monde entier que Delphine Diallo introduit son nouvel ouvrage, Divine, publié aux éditions Hat & Beard Press. Depuis ses débuts, en tant qu’assistante de Peter Beard pour le calendrier Pirelli en 2009 au Botswana, l’artiste franco-sénégalaise ne cesse d’évoluer, de métamorphoser son travail, représentant ainsi les multiples nuances de ses thèmes de prédilections : le corps, l’Afrique, l’histoire, la spiritualité, ou encore le féminin.
Et c’est un véritable tour d’horizon de son œuvre qu’abrite cette monographie. Divisé en chapitres – chacun abordant une nouvelle représentation, une nouvelle écriture du corps et de l’énergie des femmes – l’ouvrage dévoile son goût pour l’hybridation des arts (photographie, peinture, collages…), pour l’anthropologie, mais aussi pour les arts martiaux et la force palpable qui s’en dégage. « La photographie est l’accès direct à mon âme… et la connexion à celles des autres », écrit l’autrice sur les pages du livre. Comme un leitmotiv, ce pouvoir qu’elle associe au médium donne à chaque image une aura particulière, qui nous happe et nous plonge dans son univers.
Déconstruire un regard
Couleurs ocres, peintures guerrières, corps dénudés, animaux totems et coiffes majestueuses… Dans les clichés de Delphine Diallo, la mythologie et l’histoire – à la fois coloniale et africaine – dialoguent avec le moderne. Fière, la photographe entend, à travers sa création, déconstruire un regard aveuglé par les clichés, et aborder des notions qu’elle défend avec ardeur depuis le début de sa carrière : la représentation des femmes noires dans notre société, et leur corps, soumis à la domination. Titrés de manière sobre, les chapitres de Divine évoquent des archétypes, des figures puissantes que ses modèles s’approprient avec dignité : L’oracle, la guerrière spirituelle, Kali (déesse hindoue de la préservation, de la transformation et de la destruction, NDLR) …
« Tant de femmes luttent pour comprendre ce qu’elles incarnent. La grande crise à laquelle les femmes sont confrontées aujourd’hui ? Ne pas connaître leur archétype. Et mon but est de le découvrir (…) Je ne cherche pas seulement à être un artiste et une photographe. Je veux aller vers une compréhension plus profonde de ma vision. Le chemin de la libération spirituelle est jalonné d’obstacles à franchir. Surmonter la peur et en comprendre l’essence est peut-être la plus grande et la plus importante des tâches à venir », nous confiait Delphine Diallo en plein confinement. Et, en défiant les normes, en allant chercher dans le passé des traces éternelles qu’elle offre à notre présent, l’autrice accède à une pleine conscience. Un état serein qu’elle partage avec ses sujets et qu’elle nous offre en images – comme une manière de rendre visible l’invisible, pour mieux comprendre les variations du monde.
Divine, Éditions Hat & Beard Press, 60€, 156 p.
© Delphine Diallo