« Divine » : les femmes guerrières de Delphine Diallo

21 avril 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« Divine » : les femmes guerrières de Delphine Diallo

Publié aux éditions Hat & Beard Press, Divine, le nouveau livre de Delphine Diallo regroupe ses portraits les plus iconiques. Un objet réaffirmant la volonté de la photographe de capturer, avec force et dignité, les femmes noires.

« J’ouvre l’espace créatif aux ancêtres, aux protecteur·ices, aux gardien·nes, aux soignant·es et aux guerrier·res de la lumière. Manifestez votre pouvoir !!!! »

C’est avec cette déclaration, ce cri à l’intention du monde entier que Delphine Diallo introduit son nouvel ouvrage, Divine, publié aux éditions Hat & Beard Press. Depuis ses débuts, en tant qu’assistante de Peter Beard pour le calendrier Pirelli en 2009 au Botswana, l’artiste franco-sénégalaise ne cesse d’évoluer, de métamorphoser son travail, représentant ainsi les multiples nuances de ses thèmes de prédilections : le corps, l’Afrique, l’histoire, la spiritualité, ou encore le féminin.

Et c’est un véritable tour d’horizon de son œuvre qu’abrite cette monographie. Divisé en chapitres – chacun abordant une nouvelle représentation, une nouvelle écriture du corps et de l’énergie des femmes – l’ouvrage dévoile son goût pour l’hybridation des arts (photographie, peinture, collages…), pour l’anthropologie, mais aussi pour les arts martiaux et la force palpable qui s’en dégage. « La photographie est l’accès direct à mon âme… et la connexion à celles des autres », écrit l’autrice sur les pages du livre. Comme un leitmotiv, ce pouvoir qu’elle associe au médium donne à chaque image une aura particulière, qui nous happe et nous plonge dans son univers.

© Delphine Diallo

Déconstruire un regard

Couleurs ocres, peintures guerrières, corps dénudés, animaux totems et coiffes majestueuses… Dans les clichés de Delphine Diallo, la mythologie et l’histoire – à la fois coloniale et africaine – dialoguent avec le moderne. Fière, la photographe entend, à travers sa création, déconstruire un regard aveuglé par les clichés, et aborder des notions qu’elle défend avec ardeur depuis le début de sa carrière : la représentation des femmes noires dans notre société, et leur corps, soumis à la domination. Titrés de manière sobre, les chapitres de Divine évoquent des archétypes, des figures puissantes que ses modèles s’approprient avec dignité : L’oracle, la guerrière spirituelle, Kali (déesse hindoue de la préservation, de la transformation et de la destruction, NDLR) …

« Tant de femmes luttent pour comprendre ce qu’elles incarnent. La grande crise à laquelle les femmes sont confrontées aujourd’hui ? Ne pas connaître leur archétype. Et mon but est de le découvrir (…) Je ne cherche pas seulement à être un artiste et une photographe. Je veux aller vers une compréhension plus profonde de ma vision. Le chemin de la libération spirituelle est jalonné d’obstacles à franchir. Surmonter la peur et en comprendre l’essence est peut-être la plus grande et la plus importante des tâches à venir », nous confiait Delphine Diallo en plein confinement. Et, en défiant les normes, en allant chercher dans le passé des traces éternelles qu’elle offre à notre présent, l’autrice accède à une pleine conscience. Un état serein qu’elle partage avec ses sujets et qu’elle nous offre en images – comme une manière de rendre visible l’invisible, pour mieux comprendre les variations du monde.

 

Divine, Éditions Hat & Beard Press, 60€, 156 p.

 

© Delphine Diallo

© Delphine Diallo

© Delphine Diallo

© Delphine Diallo© Delphine Diallo

© Delphine Diallo

Explorez
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
© Austn Fischer
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
Installé à Londres, Austn Fischer puise dans les ressorts de la communauté LGBTQIA+ pour interroger les notions traditionnelles de genre....
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eleana Konstantellos : faire vrai pour voir le faux
Chupacabras © Eleana Konstantellos
Eleana Konstantellos : faire vrai pour voir le faux
Eleana Konstantellos développe, depuis 2019, de nombreux projets photographiques mêlant mise en scène et recherche...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
La sélection Instagram #481 : par ici la monnaie
© Suzy Holak / Instagram
La sélection Instagram #481 : par ici la monnaie
Est-ce un vice de vouloir posséder de l’argent et des biens ? Bijoux ou billets de banque, tout élément tape-à-l’œil attire le regard des...
19 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 11.11.24 au 17.11.24 : la politique dans le viseur
L’ancien président Donald Trump avec ses fils, des membres du parti et des supporter·ices lors de la convention nationale républicaine à Milwaukee, dans le Wisconsin, le 15 juillet 2024 © Joseph Rushmore.
Les images de la semaine du 11.11.24 au 17.11.24 : la politique dans le viseur
C’est l’heure du récap ! La politique et les questions sociétales sont au cœur de cette nouvelle semaine de novembre.
17 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
© Austn Fischer
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
Installé à Londres, Austn Fischer puise dans les ressorts de la communauté LGBTQIA+ pour interroger les notions traditionnelles de genre....
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elie Monferier : visible à la foi
© Elie Monferier
Elie Monferier : visible à la foi
À travers Sanctuaire – troisième chapitre d’un projet au long cours – Elie Monferier révèle, dans un noir et blanc pictorialiste...
21 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Visions d'Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
© Alex Turner
Visions d’Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
Des luttes engagées des catcheuses mexicaines aux cicatrices de l’impérialisme au Guatemala en passant par une folle chronique de...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
© Richard Pak
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
Avec Les îles du désir, Richard Pak pose son regard sur l’espace insulaire. La galerie Le Château d’Eau, à Toulouse accueille, jusqu’au 5...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina