Emma Sarpaniemi : des autoportraits pour explorer les définitions de la féminité

01 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Emma Sarpaniemi : des autoportraits pour explorer les définitions de la féminité
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Sarpaniemi dans un cercle de balles en plastique
© Emma Sarpaniemi

Si vous avez assisté de près de ou de loin aux Rencontres d’Arles 2023, ce visage vous est peut-être familier. De fait, l’affiche du festival était un autoportrait d’Emma Sarpaniemi. La photographe finlandaise nous parle aujourd’hui de Two Ways to Carry a Cauliflower, série qui, dans le sillage de son œuvre, interroge les représentations de la féminité.

Emma Sarpaniemi a toujours eu une inclination pour l’art. Après avoir suivi des cours de peinture ou encore de sculpture, elle s’essaya à la photographie argentique et à son développement à l’âge de 14 ans. L’exercice lui plut et lui donna envie d’expérimenter avec le médium, notamment à l’aide d’un boîtier numérique reçu par la suite à l’un de ses anniversaires. Dès lors, ses proches devinrent ses modèles et la question du regard, élément autour duquel gravite son œuvre aujourd’hui, émergea. « L’échange émotionnel entre un ou une photographe et son sujet m’a toujours fascinée », confie-t-elle. C’est en 2016, dans le cadre d’un projet d’études, qu’elle commença à concevoir ses premiers autoportraits. Cette approche s’imposa à elle comme une manière naturelle de sonder son identité. « De manière générale, dans ma pratique, j’explore les définitions de la féminité à travers des autoportraits performatifs et collaboratifs. Je les réalise à l’aide de mes amies, qui posent également parfois ou participent à la création des costumes, et de ma maquilleuse », explique-t-elle.

Un mélange entre imaginaire et identité

Dans Two Ways to Carry a Cauliflower, Emma Sarpaniemi interroge ainsi les contours de la féminité au travers du jeu, qu’elle perçoit ici comme un pouvoir plutôt qu’une forme de légèreté enfantine. « Il s’agit de suggérer de nouvelles possibilités et de nouvelles façons de se présenter au monde, de montrer comment on peut s’exprimer selon ses propres termes », assure-t-elle. Pensées comme des expérimentations sur le genre, ses images s’appuient sur une esthétique décalée qui retient l’attention et nous invite à prendre du recul sur la société pour se défaire des simulacres. Les tenues et les objets utilisés, aussi singuliers que colorés, ont été chinés dans des marchés aux puces, et sont le point de départ de ses compositions. Les livres jeunesse, mais aussi les peintures d’Alice Neel, de Georgia O’Keeffe et de Chantal Joffe l’inspirent tout autant. « À chaque fois, c’est un mélange entre mon imagination et mon identité, il faut que je puisse me reconnaître », souligne-t-elle. La frontière entre l’artiste et son œuvre se brouille alors. « Parce que je suis à l’origine de clichés dont je suis le sujet, il m’est parfois très difficile de m’en distancier. Ils font partie intégrante de ce que je suis en tant que personne en privé. En cela, mes autoportraits sont intimes et honnêtes. Toute ma vie est consacrée à l’art », conclut-elle.

Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec une pomme dessinée sur le visage
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi accroupie
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec des chaussettes rouges
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec un boulier dans la neige
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi dans un tunnel pour enfant
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi devant une montagne
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec un collant bleu
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi habillée en coq sur un canapé
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi dans un théâtre pour enfant
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec un faux nez
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec son appareil habillé avec des vêtements féminins
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi dans la neige devant une montagne
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi qui a fait l'affiche des Rencontres d'Arles 2023
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi avec un boa de plumes jaunes
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi en bleu
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi devant une maison dessinée
© Emma Sarpaniemi
Autoportrait d'Emma Serpaniemi déguisée en chapiteau de cirque
© Emma Sarpaniemi
À lire aussi
Mary Svyatskaya : revoir les couleurs de l'enfance
© Mary Svyatskaya
Mary Svyatskaya : revoir les couleurs de l’enfance
Installée entre Tbilissi et Istanbul, Mary Svyatskaya est à l’origine d’une œuvre aux nuances poudrées, peuplées de muses qui semblent…
27 septembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
« Mirror of Self » : au Hangar, l’autoportrait se regarde en miroir
« Mirror of Self » : au Hangar, l’autoportrait se regarde en miroir
Jusqu’au 26 février 2023, la capitale belge accueille la 7e édition du PhotoBrussels Festival. À cette occasion, Delphine Dumont –…
08 février 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Harmony Korine et agnès b., une amitié hors norme
© Harmony Korine
Harmony Korine et agnès b., une amitié hors norme
Agnès b. présente la nouvelle exposition de son fonds artistique à La Fab. Celle-ci est dédiée à l'œuvre d’Harmony Korine dont elle...
11 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Batul : Transitionner pour se retrouver
© Paul Mesnager
Batul : Transitionner pour se retrouver
Portrait intimiste, Batul suit le voyage initiatique d’une protagoniste dans sa transformation radicale – de genre et de religion – suite...
11 décembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Dans l’œil de Phillip Toledano : le coût humain et émotionnel de la guerre
© Phillip Toledano
Dans l’œil de Phillip Toledano : le coût humain et émotionnel de la guerre
Cette semaine, plongée dans l’œil de Phillip Toledano, qui signe We Are At War. Dans ce projet, l’artiste conceptuel entend réécrire le...
09 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Mame-Diarra Niang : photographe de l'évanescence
© Mame-Diarra Niang
Mame-Diarra Niang : photographe de l’évanescence
Remember to Forget, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, est la première monographie française de Mame-Diarra Niang. Dans ses séries...
05 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Arktis : la dystopie polaire d’Axelle de Russé
© Axelle de Russé
Arktis : la dystopie polaire d’Axelle de Russé
Pendant huit ans, la photographe Axelle de Russé a suivi l’évolution du réchauffement climatique en Arctique, une réalité qui chaque jour...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Nicolas Serve : en cure et à cri
© Nicolas Serve
Nicolas Serve : en cure et à cri
Dans Les Abîmés, Nicolas Serve poursuit son travail sur la dépendance à certaines substances. Ici, il raconte la cure de désintoxication...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Harmony Korine et agnès b., une amitié hors norme
© Harmony Korine
Harmony Korine et agnès b., une amitié hors norme
Agnès b. présente la nouvelle exposition de son fonds artistique à La Fab. Celle-ci est dédiée à l'œuvre d’Harmony Korine dont elle...
11 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Batul : Transitionner pour se retrouver
© Paul Mesnager
Batul : Transitionner pour se retrouver
Portrait intimiste, Batul suit le voyage initiatique d’une protagoniste dans sa transformation radicale – de genre et de religion – suite...
11 décembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas