Costumière dans l’industrie cinématographique, Martina Latorre réalise, en parallèle de son travail, des projets photographiques. Ses œuvres, souvent des portraits, sont une quête permanente des défauts qui rendent les êtres parfaits.
Martina Latorre capture une vie dans laquelle tout est cinéma : la peau, la lumière, les décors, les situations… Et où pour autant, rien n’est prédéterminé. « J’aime l’aura de mystère au moment de la prise de vue et la montée d’adrénaline qui vous accompagne tout au long du processus, jusqu’au développement », décrit la jeune artiste. Celle-ci confie s’être toujours trouvée trop à l’étroit dans sa région natale du sud de l’Italie, et a naturellement commencé à vouloir voyager régulièrement depuis son adolescence, avant de résider, à l’âge adulte, aux quatre coins de l’Europe. Attentive aux mille éléments qui font qu’une composition est unique, elle aborde le médium avec une liberté propre à son caractère. Le systématique, lui, n’a pas sa place dans la pratique de la photographe. En chacun des personnages qu’elle habille, Martina Latorre cherche les détails, les couleurs et les combinaisons qui le rendent vivant. En chacun·e de nous, de même, l’artiste cherche « l’imperfection qui fera le réel », explique-t-elle. Souvent baignées dans un clair-obscur persistant, les scènes qu’elle capture sont celles d’un quotidien où l’intimité peut se déployer sans pudeur ni crainte, et se penser jusqu’à douter d’elle-même. Dans son univers, l’été ne brûle pas ; les rares éléments de lumière viennent surtout illuminer l’épiderme. Si la photographie est pour elle « un exercice de respiration pour la guérison », c’est qu’elle oblige à tendre l’oreille vers une horloge distincte du temps dont nous sommes familier·es. Le corps humain apparaît alors dans sa singularité, c’est-à-dire dans sa façon propre d’être au monde, et de vieillir.