Du 20 septembre 2024 au 22 juin 2025, les images oniriques d’une nature en transformation du photographe suisse Etienne Francey entrent en dialogue avec le travail du couple Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, dans un espace à Fribourg qui leur est consacré.
Notion de mouvement, nature, expérimentation. Si la photographie a pour principe de saisir de réalité du monde via l’artifice d’une machine conçue par l’Homme, Etienne Francey cherche à s’en détacher. Ses créations aux teintes oniriques et aux couleurs vibrantes, il les « crée de manière très aléatoire ». « Je ne suis jamais sûr du résultat », avoue-t-il.
Celles-ci se dévoilent tel un carnet des expérimentations dans l’exposition La vibration des jours. C’est grâce à un défaut technique de son appareil que l’artiste suisse parvient à produire ces images d’une nature qui l’inspire depuis l’enfance. Si c’est le rêve ou la vision métaphorique du monde qui domine, Etienne Francey, fait en réalité de nombreuses références à sa région natale, la Broye, et au garage automobile familial au-dessus duquel il a grandi. Dans cette nature agricole, il constate les conséquences de l’intervention humaine sur l’environnement. La disparition des prairies au profit de constructions et l’appauvrissement de la faune et la flore le pousse à partir sur le terrain à la recherche des traces laissées autant par l’humain que par la nature en mutation.
Environnement, boulons et épouvantails
Ce n’est peut-être pas anodin que le travail d’Etienne Francey soit exposé dans l’Espace consacré à Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle à Friboug. « Il faut savoir que c’est l’ancien hangar des tramways de la ville », précise l’artiste. La mécanique et les objets agricoles notamment utilisés par Jean Tinguely dans ses sculptures conversent ainsi avec les images du photographe suisses, où boulons, vis et autres outils tout droit sortis d’un atelier épousent les herbes, les fleurs, les papillons et les chauves-souris. « L’aspect sculptural m’intéressait. Je voulais faire un lien entre “objets” et “nature”. C’est pourquoi j’ai intégré des pièces de machinerie dans certaines de mes images, un clin d’œil au tas de vieilles pièces rouillées stockées dans le jardin de mon enfance, à côté du garage de mon père », raconte-t-il. Il ponctue sa série d’épouvantails pris au flash dans la nuit noire, figure emblématique de sa terre natale et références aux champs qui la jalonnent. Pendant plusieurs mois, le travail d’Etienne Francey qui oscille entre joie et inquiétude, s’épanouira parmi les œuvres du célèbre couple Tinguely-Saint Phalle. « Il sera intéressant pour les visiteurices de pouvoir tirer quelques parallèles entre les sculptures de ce deux artistes avec mes photographies qui vont habiter l’espace quelque temps », conclut-il.