La galerie L’Angle présente Être femme…, une exposition de la photographe toulousaine Maud Wallet. Avec son travail, elle rend hommage au corps féminin et à ses formes en le photographiant à même la peau. Jusqu’au 12 novembre.
Née en Alsace en 1973, Maud Wallet vit à Toulouse depuis 2008. Ancienne ingénieure, la photographie devient rapidement pour elle un moyen d’expression puissant, donnant libre cours à sa fantaisie débordante. Autodidacte, elle s’émancipe de tous les codes scolaires qui pourraient influencer sa pratique et mélange joyeusement argentique et numérique. Dans ses compositions, elle laisse parler la lumière, les textures, les couleurs, inspirée par son travail aux Ateliers St-Cyprien – un centre culturel toulousain au sein duquel il est possible de se former aux arts plastiques. Le parcours d’exposition Être femme…, présenté par L’Angle, réunit trois séries fruits d’une réflexion sur le corps féminin et sa matérialité. Loin de vouloir figer la définition du féminin dans un carcan cisgenre et normatif, ce travail est une recherche qui concerne toute personne s’identifiant comme femme. Les photographies de Maud Wallet sont prises au plus près de la peau, dont elle examine les replis, les ombres, les bourrelets. Elle se met à nu d’abord, avant d’immortaliser les corps de ses amies qui se prêtent au jeu. Son travail connaît une véritable éclosion avec l’exposition au festival Map Toulouse de 2021, où elle présente sa série π (pi). Ce corpus ouvre Être femme… et il est une façon d’exorciser l’obsession grossophobe et misogyne contre les rondeurs. La série est une fenêtre ouverte vers l’acceptation de soi et le soin du corps.
Trois séries pour cultiver l’amour de soi
Être femme… est composé de trois séries, qui toutes portent un regard libérateur, novateur et sensible sur le corps féminin. En posant son appareil sur l’épiderme, la photographe est littéralement au plus près de ses sujets. Dans la série π (pi) elle se sert d’un noir et blanc envoûtant pour décrire avec poésie les recoins des corps qu’elle photographie. Les plis de leurs peaux, les ombres et les lumières qui les caressent, une certaine forme de volupté et de sensualité qui brise les schémas misogynes normatifs. L’intention est ici de questionner notre perception sensorielle, formatée par des imaginaires féminins pauvres et réducteurs. C’est un travail expérimental, qui mélange portrait et abstraction, en nous ouvrant des nouvelles perspectives possibles sur nos corps et la façon que nous avons de les raconter. Consomption est un travail intimiste, qui met en parallèle l’intériorité d’une jeune femme et la symbolique d’une flamme. Ce sont des instants de dévoilement, une mise à nu hésitante remplie de douceur et d’une sensualité à peine suggérée. De ce récit, émerge un être fragmenté, incandescent et pudique.
La professeure de lettre Véronique Lauret écrit, au sujet de Consomption : « Oscillant sans cesse entre combustion et repli, le corps se fait extime. Exister avec ardeur, observer et donner à voir, espérer toujours la chimère, s’y perdre parfois, s’y révéler peut-être. Et si vivre, c’était accepter de jouer avec le feu, de danser au bord de l’abîme ? ». Enfin, dans la série Heure bleue, l’artiste se penche sur un moment de lumière tout à fait particulier : celui qui précède le coucher du soleil. A l’heure bleue, tout est envouté de magie, chaque objet assume une aura presque divine et les corps expriment une forme de fragilité. Celle d’un énième jour qui se termine, d’un temps qui nous avait été offert, avant que la nuit ne tombe. Protagoniste de la série, une femme d’une cinquantaine d’années prise entre doutes et insouciance. Par ces trois travaux, Être femme… constitue une narration complète, riche et touchante de la trajectoire de vie d’une femme. C’est un parcours libérateur, qui a le grand mérite de nous aider à cultiver un amour sincère de nous-mêmes.