« Les cols alpins sont des lieux clés dans la compréhension du territoire montagneux, ils sont le passage d’une vallée à une autre et entretiennent la surprise quant aux paysages qu’ils nous cachent. » Entre 2012 et 2015, Arnaud Teicher a porté une attention particulière aux cols alpins. Il a observé leurs différences et leurs particularités. De cette topographie il a tiré la base de son travail. En explorant les sinuosités de ces massifs, Arnaud a découvert l’intimité de paysages tantôt envahis par les saisonniers, tantôt abandonnés. Il nous raconte ce qui l’a attiré au cœur des montagnes.
Fisheye : Pourquoi es-tu devenu photographe ?
Arnaud Teicher : Même si il m’arrive depuis quelques temps de répondre à des commandes photographiques, je considère ma pratique comme personnelle. La photographie me permet d’exprimer certains questionnements vis à vis de sujets qui m’interpellent.
Quelle était ton intention en réalisant cette série « Cols alpins » ?
La montagne est un sujet omniprésent dans mon travail. Depuis toujours j’ai eu la chance d’explorer ce territoire à travers des sorties en randonnées ou bivouacs. Les cols alpins me sont donc familiers et donc le sujet s’est imposé naturellement. Ils nous permettent d’analyser sur un petit échantillon de surface la manière dont l’homme utilise son territoire.
De quoi rêve-t-on, lorsqu’on se perd dans les montagnes ?
Quand je suis en montagne je ne rêve plus, c’est quand je n’y suis pas que j’en rêve. C’est un des rares endroits où l’on peut se retrouver loin du quotidien, loin du stress et où ton esprit peut se libérer et voyager à travers l’espace et le temps.
En tant que photographe, qu’as-tu trouvé d’inspirant entre ces cols ?
Les montagnes sont un territoire sans limite et sans frontière, l’inspiration peut venir de toute part: géologie, climat, espace, nature, bio-diversitén sont autant de notions qui font sens en montagne. Leur caractère sauvage est primordial dans mon travail : je me dis toujours qu’il s’agit des derniers espaces complètement préservés. Même si ce constat tend à disparaitre, je garde espoir et imagine que l’on sera assez lumineux pour s’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard.
L’évasion me semble être le sentiment prédominant de ta série : est-ce que tu dirais que s’évader, partir, c’est la condition sine qua non de ta pratique photographique ?
La curiosité me semble être une condition importante à toute pratique photographique. L’évasion est par ailleurs quelque chose d’important pour moi – et pas seulement en photographie. Certains s’évadent simplement en sortant de leur appartement ou en allant visiter une ville voisine et cela est tout aussi important. S’évader ce n’est pas forcément voyager à l’autre bout du monde. Le faire, peu importe la distance ou le lieu, c’est à mon sens le plus important.
La solitude aussi est très présente dans ton travail, non ? Pourquoi ?
La solitude peut s’appliquer à tout projet du moment qu’il est mené de manière individuelle. Concernant le projet des cols alpins, il faut penser que les images ne représentent pas intégralement cette aventure qui fût rempli de diverses rencontres humaines. Mais pour être honnête, oui, j’apprécie la solitude dans mon travail photographique. J’ai besoin d’être seul pour analyser et comprendre ce qui se trouve devant moi.
Si tu devais décrire cette série en trois mots, lesquels ce seraient ?
Paysage, territoire, équilibre.
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→ L’intégralité de Cols Alpins est à retrouver sur son site : www.arnaudteicher.com