Les similitudes sont nombreuses entre la Louisiane et mon pays d’origine, l’Arménie. Qu’elles soient victimes d’une catastrophe naturelle ou d’un crime contre l’humanité, un acharnement de l’histoire a meurtri ces populations mais n’est jamais venu à bout, bien au contraire, de leur combativité.
C’est sur la foi de ce constat que le photographe Alexis Pazoumian a débuté un travail au long cours autour de la Nouvelle-Orléans, dix ans après le passage de l’ouragan Katrina. Comment se reconstruire ? Comment bâtir un avenir quand le passé a subi un tel raz-de-marée ? « Malgré l’adversité de la vie, dans les décombres ou la précarité, une force anime ces gens-là. C’est cette force vitale que j’ai voulu retranscrire dans cette série, en me rapprochant des gens. »
La plus créole des villes américaines
Finaliste du Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant avec sa série sur les favelas de Rio, ce jeune photographe parisien débarque à la Nouvelle-Orléans en août 2015. Il y séjournera plusieurs mois, jusqu’en mars 2016. Très vite, il perçoit dans les faubourgs de la plus créole des villes made in USA un écho aux réflexions qui l’animent depuis qu’il a choisi la photographie comme médium : les questions d’humanité, d’identité, de société et de territoire. Et surtout, il entrevoit un fil conducteur : la musique, véritable ciment de la Nouvelle-Orléans, berceau du jazz, et sanctuaire du funk et de la soul. « Je pensais que la musique serait trop cliché. Mais voilà, cela s’est imposé à moi : c’est le quotidien de tous. La musique a permis la reconstruction. C’est la clé de la renaissance ! » Du coup, armé de son Mamiya 7 II, Alexis Pazoumian va explorer la ville pour en tirer des histoires singulières qui traduisent, chacune à leur manière, l’ambiance générale. Le photographe nous présente ici un complément de l’article publié dans Fisheye #22, actuellement en kiosque. Et nous fait écouter la Nouvelle-Orléans.
Mardi Gras
Le village des musiciens
« Pendant une semaine, je suis parti à la recherche de sons à enregistrer. En vain, jusqu’à ce que je t’entende la musique d’un trombone… C’était Steven ! »
La Second Line
À l’église
« J’en suis quasiment devenu membre. J’ai pu enregistrer toutes les messes où ça chantait, ça jouait ! »