En quête de beauté et de magie, Pia-Paulina Guilmoth photographie au cœur de la nuit sa famille choisie. Ses images, quasi hantées, nous invitent dans son étrange univers, sorte d’utopie queer teintée de cosmogonie animiste. Sa nouvelle série, Flowers Drink the River, réalisée pendant sa transition, paraîtra chez Stanley/Barker en novembre 2024.
Des insectes, des corps couverts de boue, des chouettes, serpents et biches apprivoisées, voilà les êtres vivants chéris de Pia-Paulina Guilmoth. Photographe américaine installée dans le Maine rural, elle tisse des relations sensibles avec la nature qui l’entoure, comme autant d’actes d’amour et de guérison. À la pellicule 4×5 et par diverses techniques analogiques, elle enregistre ses expériences de cocréation menées patiemment. « Je crée des sculptures délicates à partir de soie d’araignée, de fleurs et d’autres matériaux naturels, puis j’attends que la terre, l’eau, le vent, la lumière ou un papillon de nuit égaré commencent à interagir avec elles de manière imprévisible » explique-t-elle.
Une ode à la beauté de la nature et aux personnes queer
Pia-Paulina Guilmoth a entamé ce projet peu avant un traitement hormonal substitutif alors qu’elle vivait encore chez ses parents, sans revenus. En proie à une dépression suicidaire et terrorisée par l’idée de faire son coming out, des ami·es lui ont offert un logement et aidée à se remettre sur pied. Pour elle, ce travail est un renouveau. « Une chronique de ma rencontre avec moi-même, de l’apprentissage de l’acceptation de mon corps changeant, de la découverte de la famille que j’ai choisie, du désir d’embrasser la vie et la beauté qui m’entoure », précise-t-elle. Dans la pénombre nocturne, Flowers Drink the River brouille les frontières entre les hommes et femmes, les animaux et la terre. Dans un rituel païen, invoquant la magie et la splendeur de la nature, Pia-Paulina Guilmoth nous déclare délicatement son amour aux personnes queers et à l’arrière-pays de son Maine natal.