Forgotten in The Dark : l’hommage dansant de Tom Kleinberg

20 mai 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Forgotten in The Dark : l’hommage dansant de Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

Le festival Circulation(s) n’en finit pas de faire briller la jeune photographie européenne. Dans l’un des cubes de l’espace central du Centquatre Paris, encore visible jusqu’au 6 juin, Forgotten in the Dark, vidéo du photographe et réalisateur Tom Kleinberg, en est une des pépites hypnotiques.

Travail réfléchi et léché, Forgotten in the Dark retranscrit en tableau « la poésie des corps qui danse et la beauté de la nuit ». Nourri par l’esthétique de Wong Kar Wai ou Tsai Ming Liang « qui ont tous deux une relation avec le nocturne, l’urbain et la contemplation », Tom Kleinsberg s’est également plongé dans le monde des ballrooms, à la fois compétition de danse et défilé de mode. Un univers à part malgré lui. Menés par la voix d’un·e maître·sse de cérémonie, ces derniers sont, à l’origine, des lieux créés et conçus par les communautés LGBTQIA+ racisées, noires et latinas. Mais ces espaces de libertés essaiment aujourd’hui aussi en Asie comme autant de mondes nocturnes échappant aux normes diurnes où la liberté se dit moins par la musique que par une danse virtuose et technique. L’idée du film germe d’abord à Taiwan où Tom Kleinberg passe un an et demi, notamment en tant que photographe dans un cabaret de drag queens. Puis d’autres lieux s’imposent : Paris, et Séoul.   « C’était une façon de démontrer que cette culture possède un langage universel intercontinental. C’était également une manière de mettre en lumière la façon dont les personnes queers peuvent être encore plus marginalisées en Corée » résume l’artiste. Construite autour du récit d’un Griot (un conteur traditionnel africain, ndlr), Matyouz Owen, légende des ballrooms parisien et « mère mondiale » de la Maison Owens, la première Ballroom française, Forgotten in the Dark donne ainsi à contempler – et à entendre – des corps dansant, souvent seuls, dans des espaces urbains déserts – le marché de Gwangjiand notamment – comme autant de figures mythologiques locales, enfermées dans une forme d’existence encore reléguée aux marges, mais déjà mondiale. Lorsque le jour se lève, dernier tableau de l’œuvre, un chœur de danseur·ses, tourbillonne sur le toit d’une tour avec la beauté de demi-dieux, et la force d’un collectif arraché, enfin, au ciel commun.

https://vimeo.com/tomkleinberg/forgotteninthedarkprivatelink
Forgotten in the dark © Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg

© Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg

À lire aussi
Culture voguing
Culture voguing
Qui a déjà entendu parler du Voguing ? Ce mouvement, né dans le Harlem des années 1960-1970 aux États-Unis, connaît une seconde vie en…
27 février 2020   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Christophe Acker et Johana Malédon : la ville par la danse
Christophe Acker et Johana Malédon : la ville par la danse
Explorer le rapport du corps à la ville de Vichy à travers la pratique chorégraphique, c’est ce que réalisent le photographe et…
16 mai 2023   •  
Écrit par Milena III
Explorez
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Juno Calypso : palais paranoïaque
© Juno Calypso. What to Do With a Million Years ? « Subterranean Kitchen »
Juno Calypso : palais paranoïaque
Dans sa série What to Do With a Million Years ? , la photographe britannique Juno Calypso investit un abri antiatomique extravagant non...
20 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
© Maria Louceiro / Instagram
La sélection Instagram #494 : explosion de nuances
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine s’approprient la couleur. En hommage aux beaux jours qui reviennent doucement...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina