Avec son univers coloré et riche de formes, Jessica Backhaus explore les perceptions avec spontanéité. Grand nom de la photographie allemande, elle est exposée jusqu’au 6 juin au Centre de la photographie de Mougins. Dans son travail, elle « revient aux choses fondamentales », pose les valeurs, arrange les teintes sur des feuilles de papier et les laisse vivre et en les agençant dans des compositions originales.
Jessica Backhaus est née à Cuxhaven (Allemagne) en 1970 et a grandi dans une famille d’artistes. À l’âge de seize ans, elle s’installe à Paris, où elle étudie la photographie et la communication visuelle. Sa passion pour le médium l’emmène à New York en 1995, où elle assiste de nombreux·ses artistes et peaufine sa pratique. Désormais installée à Berlin, elle est l’une des principales voix de la photographie allemande contemporaine. Entre art plastique et photographie, son œuvre consiste en l’agencement de formes colorées de papier qu’elle photographie par la suite. Par ce processus, elle questionne les perceptions, qui s’imposent comme une évidence à travers les couleurs primaires. Séduisantes et trompeuses à la fois, les couleurs produisent un effet hypnotique qui traverse toute l’œuvre de l’artiste. Jusqu’au 2 juin, avec Nous irons jusqu’au soleil, son travail est exposé au Centre de la photographie de Mougins.
Des mises en scène de papier transparent
Selon les mots du curateur, François Cheval, Jessica Backhaus est avant tout une grande coloriste. Elle se saisit du papier en franchissant les limites de sa fragilité, elle le jette, l’ordonne, compose des suites lumineuses. Comme dans des planches d’architecture, ces aplats de couleurs sont puissants, vigoureux, comme si l’artiste ne se limitait pas à les photographier et qu’elle essayait plutôt de les sculpter. « Le jeu chromatique des Cut Outs n’est que l’analyse des rapports que l’espace tisse avec les blocs colorés, entre les formes et l’action du soleil, explique François Cheval. La couleur et le volume, en s’hybridant, offrent plus qu’un simple examen de la bidimensionnalité. » Dans cette série, la photographe compose des mises en scène de papier transparent. Découpées et placées sous une lumière brûlante, ces formes sursaturées « se dissolvent en mouvements purs, en vibrations, en ombres et en couleurs saturées.