Le jury de la quatrième édition du prix Photographie & Sciences a récompensé Julien Lombardi. Sa série primée, Planeta, prend pour cadre le désert de Sonora, au Mexique, afin d’interroger nos représentations de l’espace.
Après avoir décoré Richard Pak, Manon Lanjouère et Anaïs Tondeur, le jury du prix Photographie & Sciences a distingué Julien Lombardi. Comme son nom l’indique, la récompense s’intéresse aux photographes de la scène française qui associent la dimension sensible de leur médium avec l’aspect factuel des sciences. Instiguée en 2021 par Philippe Guionie, délégué général du Prix, et désormais portée par la Villa Pérochon, la démarche est encouragée par l’ADAGP, les ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi que les partenaires médias Sciences et Avenir – La Recherche et Fisheye. L’objectif est de soutenir un ou une artiste dans l’aboutissement d’un projet aux côtés de scientifiques. À cette aide s’ajoute une dotation de 6000 €. À l’automne 2025, une exposition aura lieu à la Villa Pérochon, située à Niort, dans le cadre de la Fête de la Science. Le public pourra alors découvrir les contours de la série primée cette année.
Interroger les représentations de l’espace
À l’occasion de cette édition 2024, le jury a passé en revue 81 dossiers de candidatures. Parmi eux, celui de Julien Lombardi s’est démarqué. « Le projet Planeta prend pour point de départ les missions Apollo simulées dans le désert de Sonora, au Mexique, dans les années 1960-70 pour échafauder un contre-récit de la conquête spatiale », explique-t-il dans sa note d’intention. Accompagné de scientifiques originaires de la région et officiant dans l’astrophysique, la biologie, la géologie et l’anthropologie, l’artiste français entend prolonger cette simulation, transformant ainsi la Terre en « une planète analogue ». Cette opération s’impose comme un moyen efficace d’annihiler la distance et de confondre les connaissances dont nous disposons avec les expériences sensibles. « L’enjeu est de questionner nos représentations de l’espace et les imaginaires qui lui sont associés, car on ne voit pas l’espace, nos sens humains ne nous le permettent pas, nous ne percevons pas les ondes infrarouges, ultraviolets ou H alpha à partir desquelles sont réalisées les photographies des corps célestes. Pas plus d’ailleurs que nous ayons personnellement et physiquement accès à d’autres mondes, souligne-t-il avant de soulever un autre point essentiel. Il se joue dans ce trouble des questions fondamentales sur la nature des images. Sans la compréhension des travaux scientifiques qui en sont à l’origine, que regarde-t-on ? »