La ville de Gianluca Mortarotti, entre abstraction et narration

01 septembre 2023   •  
Écrit par Anaïs Viand
La ville de Gianluca Mortarotti, entre abstraction et narration
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti

Gianluca Mortarotti nous emmène en balade. Son terrain de jeux ? L’espace urbain, coloré et en mouvement. Le photographe autodidacte saisit le quotidien ordinaire avec originalité et nous invite à observer les liens qui unissent un·e individu·e et son environnement.

« La photographie a toujours fait partie intégrante de ma vie. Mon père est photographe et, je me souviens qu’enfant, je me retrouvais à développer des tirages dans sa chambre noire ou à l’accompagner lors d’événements ou shootings photo », lance Gianluca Mortarotti. Malgré ces bases techniques, l’artiste italien, désormais installé à Londres, n’a pas étudié le 8e art, préférant l’architecture, l’ingénierie et le conseil dans le secteur de la construction. « Ce n’est qu’à la fin de la vingtaine que j’ai commencé à m’intéresser à la street photography, en lisant des ouvrages théoriques et historiques. Ma passion pour la photo est restée intacte. Durant mon temps libre et lors de mes voyages, j’ai perfectionné mes compétences en expérimentant différents styles, sujets et techniques. », précise-t-il. La présence, la patience et la flexibilité. Tels sont les maîtres mots de celui qui se laisse guider par son intuition et sa curiosité. La prise de vue ? Elle est pour lui une expérience profondément immersive : « Je me contente d’explorer la scène et de voir où elle me mène ». Ce processus n’est pas incompatible avec un temps de recherches en amont afin de saisir pleinement la culture et l’histoire d’un espace, mais Gianluca Mortarotti veille à entretenir le mystère. Son travail résonne particulièrement avec les propos de Diane Arbus, tenus en 1971 : « Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez« .

© Gianluca Mortarotti

Jouer avec les références

Qu’il arpente les rues de Paris, de Londres ou de Tokyo, l’artiste évite les clichés, tout en jouant avec les références. Ici, un écho aux œuvres d’Edward Hopper, Edgar Degas ou Édouard Manet. Là, un clin d’œil à Man Ray, Alvin Langdon Coburn, Edward Weston ou encore Florence Henri. « Impossible de ne pas citer ces photographes de la fin du 19e siècle, spécialistes de l’étude de l’espace et de la lumière. Leur capacité à distiller des scènes complexes en abstractions captivantes a certainement influencé ma sensibilité », explique l’auteur italien. Quant il s’agit d’authenticité et d’émotion, il évoque les travaux de Trent Parke, Daidō Moriyama, Harry Gruyaert ou Fan Ho. Pour compléter cette longue liste d’artistes inspirant·e·s, il évoque l’influence d’Ernst Haas, pour son approche unique de l’urbanisme. Il est vrai qu’il partage avec le photographe autrichien et américain une maîtrise du mouvement et de la couleur. « Les villes sont des tapisseries dynamiques où se mêlent l’ingéniosité humaine, la culture et les liens sociaux. Ma compréhension des principes architecturaux et des relations spatiales influence certainement la manière dont je cadre, compose mes photographies, et dont j’analyse les couches du tissu urbain », précise-t-il. Mystères, émotions… Ses images sont aussi empreintes d’une ambiguïté, qui saura attirer ou troubler la vision de chacun·e.

© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
© Gianluca Mortarotti
Explorez
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
© Suwon Lee, Pico Bolívar I, 2025 / Courtesy of Sorondo Projects
Paris Photo 2025 : atteindre sa montagne intérieure avec Suwon Lee
Présentée cette année par Sorondo Projects (Barcelone) à Paris Photo, la série The Sacred Mountain de Suwon Lee raconte une quête...
14 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
© Sara Silks
Les images de la semaine du 20 octobre 2025 : famille, cultures alternatives et lumière
C’est l’heure du récap ! Dans les pages de Fisheye cette semaine, les photographes nous font voyager, aussi bien dans des lieux...
26 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jonathan Bertin : l'impressionnisme au-delà des frontières
Silhouette urbaine, Séoul Impressionism © Jonathan Bertin
Jonathan Bertin : l’impressionnisme au-delà des frontières
Jusqu’au 20 décembre 2025, Jonathan Bertin présente, à la Galerie Porte B, un dialogue délicat entre sa Normandie natale et Séoul, ville...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Rondônia (Comment je suis tombé amoureux d’une ligne), 2023 © Emilio Azevedo
Emilio Azevedo : En ligne de mire
Présentée dans le cadre du festival PhotoSaintGermain et au musée du Quai Branly, l'exposition Rondônia. Comment je suis tombé amoureux...
20 novembre 2025   •  
Écrit par Milena III
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
The root of all that lives, 2020 © Tyler Mitchell. Courtesy de l'artiste et de la Galerie Gagosian
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
19 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet