Comment faire le portrait de son pays ? Photographe franco-polonais, Bogdan Konopka, raconte, dans Un Conte Polonais, un récit personnel, aussi tendre que douloureux.
Installé en France depuis 25 ans, Bogdan Konopka a photographié, durant une quarantaine d’années, son pays d’origine, la Pologne. Un Conte Polonais, ouvrage poétique et monochrome raconte l’histoire d’un pays oscillant entre passé et modernité. « Mais comment faire le portrait d’un pays ? Comment faire le portrait de son pays ? », s’interroge Christian Caujolle, créateur de l’Agence Vu et auteur de la préface de l’ouvrage.
Dans un univers peint de gris, le photographe capture une Pologne monotone, enlisée par le poids de son passé. Si Bogdan Konopka a choisi de représenter son pays, il en propose une illustration personnelle. « Il n’est pas un documentariste, encore moins un photojournaliste (…) il ne s’attache qu’à des lieux, moments, individus qui le concernent, lui, directement », précise Christian Caujolle.
Une histoire écrite à la première personne
Maisons en ruine, cimetières déserts et paysages sombres, un certain désespoir émerge des compositions de Bogdan Konopka. Franco-polonais, le photographe exprime dans cet ouvrage son affection pour le territoire qui l’a vu naître. Un « amour à distance », douloureux et nostalgique. Comme dans un songe, les décors vides, presque irréels de l’artiste se dévoilent au fil des pages. « Dans le néant et le silence de l’après-Shoah, je me perds sur les chemins effacés, à la recherche de cimetières oubliés où subsistent, malgré tout, les traces les plus tangibles de la présence de ces absents », confie-t-il.
Sur les traces de ses ancêtres, le photographe tente de saisir l’âme des lieux, et de révéler la présence fantomatique des souffrances du passé. « Comment résister au désir de s’asseoir pour ressentir leur présence dans l’atmosphère figée d’une aura de tristesse et d’oubli où résonnent encore les sons du passé ? », déclare-t-il. Un conte polonais est une histoire écrite à la première personne. Un récit tendre et fragile. Si la beauté des images est indiscutable, il faut lire entre les lignes pour révéler la douleur derrière le sublime. Car, après tout, « les contes, au-delà de leur apparence séductrice, sont souvent bien cruels », conclut Christian Caujolle.
Un Conte Polonais, éditions Delpire, 28 €, 176 p.
À découvrir également à la Galerie Folia, du 19 décembre au 12 janvier.
© Bogdan Konopka