L’âme de la Pologne, par Bogdan Konopka

18 décembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
L'âme de la Pologne, par Bogdan Konopka

Comment faire le portrait de son pays ? Photographe franco-polonais, Bogdan Konopka, raconte, dans Un Conte Polonais, un récit personnel, aussi tendre que douloureux.

Installé en France depuis 25 ans, Bogdan Konopka a photographié, durant une quarantaine d’années, son pays d’origine, la Pologne. Un Conte Polonais, ouvrage poétique et monochrome raconte l’histoire d’un pays oscillant entre passé et modernité. « Mais comment faire le portrait d’un pays ? Comment faire le portrait de son pays ? », s’interroge Christian Caujolle, créateur de l’Agence Vu et auteur de la préface de l’ouvrage.

Dans un univers peint de gris, le photographe capture une Pologne monotone, enlisée par le poids de son passé. Si Bogdan Konopka a choisi de représenter son pays, il en propose une illustration personnelle. « Il n’est pas un documentariste, encore moins un photojournaliste (…) il ne s’attache qu’à des lieux, moments, individus qui le concernent, lui, directement », précise Christian Caujolle.

Une histoire écrite à la première personne

Maisons en ruine, cimetières déserts et paysages sombres, un certain désespoir émerge des compositions de Bogdan Konopka. Franco-polonais, le photographe exprime dans cet ouvrage son affection pour le territoire qui l’a vu naître. Un « amour à distance », douloureux et nostalgique. Comme dans un songe, les décors vides, presque irréels de l’artiste se dévoilent au fil des pages. « Dans le néant et le silence de l’après-Shoah, je me perds sur les chemins effacés, à la recherche de cimetières oubliés où subsistent, malgré tout, les traces les plus tangibles de la présence de ces absents », confie-t-il.

Sur les traces de ses ancêtres, le photographe tente de saisir l’âme des lieux, et de révéler la présence fantomatique des souffrances du passé. « Comment résister au désir de s’asseoir pour ressentir leur présence dans l’atmosphère figée d’une aura de tristesse et d’oubli où résonnent encore les sons du passé ? », déclare-t-il. Un conte polonais est une histoire écrite à la première personne. Un récit tendre et fragile. Si la beauté des images est indiscutable, il faut lire entre les lignes pour révéler la douleur derrière le sublime. Car, après tout, « les contes, au-delà de leur apparence séductrice, sont souvent bien cruels », conclut Christian Caujolle.

Un Conte Polonais, éditions Delpire, 28 €, 176 p.

À découvrir également à la Galerie Folia, du 19 décembre au 12 janvier.

© Bogdan Konopka

© Bogdan Konopka© Bogdan Konopka

© Bogdan Konopka

© Bogdan Konopka© Bogdan Konopka
© Bogdan Konopka© Bogdan Konopka

© Bogdan Konopka

© Bogdan Konopka

Explorez
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
What’s the word? Johannesburg! : L'Afrique du Sud se raconte à la Fondation A
© Afronova Gallery, Alice Mann, Siphithemba Mshengu, 2018.
What’s the word? Johannesburg! : L’Afrique du Sud se raconte à la Fondation A
Accueillie jusqu'au 21 décembre 2025 à la Fondation A, située à Bruxelles, l’exposition What’s the word? Johannesburg! nous présente le...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot