Depuis plus de 30 ans, Lavazza offre une carte blanche à des photographes autour d’une thématique particulière qui donnera le ton de l’année à venir. Pour cette édition annonçant le 20e anniversaire de la Fondation Giuseppe e Pericle Lavazza, Thandiwe Muriu, Aart Verrips et Daniel Obasi, trois photographes d’origine africaine, ont immortalisé leur continent et les communautés qui l’animent sous le prisme du pouvoir de la coopération.
Certaines personnes le jugent suranné et préfèrent utiliser leur téléphone portable quand d’autres l’estiment indispensable à l’organisation de leur quotidien. Quoi que nous en pensions, le calendrier papier illustré n’en reste pas moins un objet visuel à la portée étonnante qui, à défaut d’orner les murs de tous les foyers, habille sans doute quelques-uns de nos souvenirs. À sa simple évocation, des images de chatons ou autres paysages kitsch nous traversent certainement l’esprit. Parfois, quelques citations voulues motivantes se glissent même çà et là. Chez Lavazza, le calendrier est d’une tout autre envergure. Il se fait plutôt objet d’art et vecteur de messages aussi essentiels qu’inspirants, abordant des sujets sensibles avec optimisme. Chaque année, la maison de café turinoise invite des photographes à prendre part à ce projet singulier qui présente, pour cette année 2024, des clichés signés Thandiwe Muriu, Aart Verrips et Daniel Obasi.
Le calendrier à venir prend le nom de More Than Us ou « plus que nous » en français. Derrière ce titre sibyllin se cache un désir de célébrer les possibilités de faire ensemble, de se dépasser pour bâtir un monde meilleur. Articulée autour de l’Afrique, cette édition fait écho à un proverbe local que rappelle volontiers Francesca Lavazza, administratrice et coordinatrice des activités artistiques et culturelles du groupe éponyme : « Seul·e, on va vite, ensemble, on va loin. » Dans cette idée, trois photographes et autant d’ambassadeurs et ambassadrices du continent – qui ne sont autres que Waris Dirie, mannequin, auteure et actrice somalienne qui lutte contre les mutilations génitales féminines, Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, et Zulaikha Patel, activiste sud-africaine lauréate du Young Actvist Summit 2022 – ont témoigné de l’importance de la coopération dans un entremêlement d’approches, de sensibilités et de parcours aussi différents que complémentaires.
Imaginer le monde de demain
Les trois artistes à l’honneur ont en commun la volonté de dispenser des récits inspirants et porteurs d’espoir, qui déjouent les stéréotypes. « Tout a commencé avec le boîtier de mon père, quand j’avais 14 ans. Il tenait à ce que je trouve un moyen d’expression qui me soit propre. Très vite, le médium s’est imposé comme un outil me permettant d’appréhender le monde qui m’entoure. Il traduit mon évolution », explique Thandiwe Muriu, native du Kenya. Se façonnant, au fil des ans, une véritable identité visuelle, ses images se distinguent aujourd’hui par l’utilisation de tissus traditionnels colorés. Si ces derniers tapissent l’arrière-plan de ses portraits, ils parent également ses modèles, dont elle confectionne elle-même les tenues. Ses compositions jouent ainsi avec l’illusion pour soulever les problématiques en lien avec l’autonomisation des femmes et l’expression de leur individualité, le patriarcat les contraignant à rester discrètes, à se fondre en masse dans le paysage.
Aart Verrips porte également un attrait pour les symboles et se plaît à utiliser les couleurs pour dessiner une narration poétique, nimbée d’un certain romantisme. Attiré par les traits atypiques, le photographe sud-africain propose les nouveaux contours de la beauté. À l’image, les muses s’épanouissent alors en fleurs au sommet d’un escalier ou d’une main féminine qui les élève sinon les soutient. Dans un autre genre, Daniel Obasi immortalise l’entraide des femmes qui, dans ses clichés aux allures cinématographiques, ne sont jamais seules. Ce maître de l’afrofuturisme nigérian fait tout autant la part belle à l’enfance, couronnée d’étoiles dorées et guidée par ses rêves et ses joies. À mesure que les pages du calendrier se tournent, plusieurs contes semblent prendre vie. Au bord de l’eau comme au cœur d’une nature féconde, dans des studios florissants comme sur la trame d’un tissu chargé d’histoires, tous nous invitent à imaginer le monde de demain au gré de nos fantaisies