Le monde moderne, un étrange espace

02 août 2017   •  
Écrit par Anaïs Viand
Le monde moderne, un étrange espace

John Feely a démarré sa carrière de photographe à l’âge de 30 ans. Son métier de désigner-graphiste ne lui correspondait plus. Entre 2014 et 2016, il se rend à plusieurs reprises en Mongolie. The Outsider est un voyage personnel autant que photographique qui lui a permis de renouer avec la nature et de vivre en harmonie avec lui-même.

Pour John Feely, la photographie n’est pas une simple forme artistique au même titre que la peinture. Ce médium lui a permis de faire des expériences, de vivre sa vie et d’ « accepter qui [il était] vraiment ». En 2014, il décide de quitter la vie qu’il menait en Australie. À cette époque, « [il pensait] comme un scientifique, [il était] pragmatique et [suivait] le droit chemin . J’avais besoin de vivre, de vivre et penser le monde différemment ».

En naviguant sur Google Maps, il s’arrête sur la carte de la Mongolie. « Je savais que ce pays était à la fois spacieux et traditionnel ». Il achète son billet d’avion pour la capitale, Oulan-Bator, et décide de ne pas prévoir la suite : « Je refusais d’espérer ou d’imaginer quoique ce soit, je ne voulais pas me questionner afin de pouvoir apprécier ce que j’allais découvrir ». Et finalement, « c’était mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer, j’ai vécu une expérience merveilleuse », nous confie-t-il.

Image extraite de la série "The Outsider" © John Feely

Une déconnexion au vert, loin de l’Australie matérialiste

Seul, il navigue dans les grandes plaines mongoliennes, arpente des montagnes et rencontre plusieurs communautés avec lesquelles il noue de profonds liens. Les personnes qu’il rencontre lui font découvrir une nouvelle relation à la nature. « Les conditions météo étaient extrêmes, c’est comme si on vivait entre les mains de la nature », se souvient le photographe. Là-bas, il a appris à respecter la nature c’est-à-dire les « éléments qui conditionnent notre vie, qui nous permettent de rester vivant ». Il lui a fallu vivre au jour le jour en respectant ce qui l’entourait – hors de son contrôle.

Le titre choisi pour cette série, The Outsider (ndlr, « l’étranger », en français) est une double métaphore qui résume parfaitement son périple au cœur des terres mongoliennes. « Je ne pouvais séparer ce qui se passait pour moi et ce que je voyais en tant qu’Occidental ». The Outsider reflète son statut de voyageur-étranger dans un pays où il ne partageait ni la langue ni les coutumes. Le terme fait aussi référence à un élément plus global et contextuel. En quittant l’Australie, il a décidé de devenir étranger à sa propre réalité ou du moins, c’est son quotidien qui lui était devenu étranger. Un quotidien fait d’instants stressants, de besoins matériels et de projections sur le long terme. Ce voyage a radicalement changé sa façon de concevoir la vie, il sait désormais qu’il est « inutile de courir après la vie et de se mentir à soi-même. »

Image extraite de la série "The Outsider" © John Feely

Image extraite de la série "The Outsider" © John Feely

 

Image extraite de la série "The Outsider" © John Feely

Image extraite de la série The Outsider © John Feely

Image extraite de la série "The Outsider" © John FeelyImage extraite de la série "The Outsider" © John Feely

Images extraites de la série The Outsider © John Feely

Explorez
Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu'un pour retrouver les autres
© Boris Binceletto
Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu’un pour retrouver les autres
Après Solemar, son premier livre photographique qui explorait la côte Adriatique, Boris Binceletto sort Raï, qui se situe entre la...
17 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
© Eloïse Labarbe-Lafon
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
Composé d’une quarantaine de portraits pris dans des chambres durant un road trip, Motel 42 d’Eloïse Labarbe-Lafon s’impose comme un...
06 décembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
© Marie Le Gall
Marie Le Gall : photographier un Maroc intime
Absente depuis vingt ans, lorsque Marie Le Gall retourne enfin au Maroc, elle découvre un territoire aussi étranger que familier....
22 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Visions d'Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
© Alex Turner
Visions d’Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
Des luttes engagées des catcheuses mexicaines aux cicatrices de l’impérialisme au Guatemala en passant par une folle chronique de...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine