John Feely a démarré sa carrière de photographe à l’âge de 30 ans. Son métier de désigner-graphiste ne lui correspondait plus. Entre 2014 et 2016, il se rend à plusieurs reprises en Mongolie. The Outsider est un voyage personnel autant que photographique qui lui a permis de renouer avec la nature et de vivre en harmonie avec lui-même.
Pour John Feely, la photographie n’est pas une simple forme artistique au même titre que la peinture. Ce médium lui a permis de faire des expériences, de vivre sa vie et d’ « accepter qui [il était] vraiment ». En 2014, il décide de quitter la vie qu’il menait en Australie. À cette époque, « [il pensait] comme un scientifique, [il était] pragmatique et [suivait] le droit chemin . J’avais besoin de vivre, de vivre et penser le monde différemment ».
En naviguant sur Google Maps, il s’arrête sur la carte de la Mongolie. « Je savais que ce pays était à la fois spacieux et traditionnel ». Il achète son billet d’avion pour la capitale, Oulan-Bator, et décide de ne pas prévoir la suite : « Je refusais d’espérer ou d’imaginer quoique ce soit, je ne voulais pas me questionner afin de pouvoir apprécier ce que j’allais découvrir ». Et finalement, « c’était mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer, j’ai vécu une expérience merveilleuse », nous confie-t-il.
Une déconnexion au vert, loin de l’Australie matérialiste
Seul, il navigue dans les grandes plaines mongoliennes, arpente des montagnes et rencontre plusieurs communautés avec lesquelles il noue de profonds liens. Les personnes qu’il rencontre lui font découvrir une nouvelle relation à la nature. « Les conditions météo étaient extrêmes, c’est comme si on vivait entre les mains de la nature », se souvient le photographe. Là-bas, il a appris à respecter la nature c’est-à-dire les « éléments qui conditionnent notre vie, qui nous permettent de rester vivant ». Il lui a fallu vivre au jour le jour en respectant ce qui l’entourait – hors de son contrôle.
Le titre choisi pour cette série, The Outsider (ndlr, « l’étranger », en français) est une double métaphore qui résume parfaitement son périple au cœur des terres mongoliennes. « Je ne pouvais séparer ce qui se passait pour moi et ce que je voyais en tant qu’Occidental ». The Outsider reflète son statut de voyageur-étranger dans un pays où il ne partageait ni la langue ni les coutumes. Le terme fait aussi référence à un élément plus global et contextuel. En quittant l’Australie, il a décidé de devenir étranger à sa propre réalité ou du moins, c’est son quotidien qui lui était devenu étranger. Un quotidien fait d’instants stressants, de besoins matériels et de projections sur le long terme. Ce voyage a radicalement changé sa façon de concevoir la vie, il sait désormais qu’il est « inutile de courir après la vie et de se mentir à soi-même. »
Images extraites de la série The Outsider © John Feely