Les collages de Marco Laborda, un jeu de (dé)construction

06 février 2019   •  
Écrit par Maria Teresa Neira
Les collages de Marco Laborda, un jeu de (dé)construction

Marco Laborda, artiste né à Barcelone, joue avec les photographies pour reconstruire une nouvelle réalité. Il transforme ainsi des portraits en collages bariolés, créant des espaces ouverts à l’imagination.

« Après des années de travail sur ordinateur, j’ai trouvé un moyen de renouer avec mon enfance : le jeu, la manipulation et la création », 

affirme Marco Laborda. L’artiste catalan collabore avec deux photographes, Vincent Urbani et Carlos Villarejo, pour créer ses collages. « C’est d’ailleurs par le collage que j’ai commencé à accorder beaucoup plus d’attention à la photographie », confie-t-il. Il parcourt ainsi des revues, les photographies de ses collaborateurs, en quête de portraits et de regards qui le captivent. En parallèle, il crée dans sa tête des espaces colorés, lieux de de reconstruction des éléments qu’il décortique. Son travail devient un jeu de (dé)construction d’images. L’objet de sa fascination ? L’humain. « Sans doute l’objet qui me fascine le plus est l’être humain, avec toute sa complexité, son idiotie, ses peurs et ses rêves. » Ainsi, avec ses collages, il cherche à une « façon d’arrêter le temps et de capturer l’âme humaine. » En observant ses créations, nous retenons ces figures décomposés, ces espaces colorés. Il construit une nouvelle réalité, composite, à partir d’images existantes. De façon intuitive − c’est ainsi qu’il décrit son travail, Marco Laborda propose une approche  entre décomposition et reconstruction. Et puis « il y a un moment où je m’arrête et j’arrête de chercher, comme si j’arrivais à un bon port ». Pourtant, une image, comme une histoire, n’est jamais achevée.

© Marco Laborda© Marco Laborda

Un être en mouvement

Quand Marco Laborda parle de son travail, il évoque une danse, un « être en mouvement ». Le parcours de l’artiste en est témoin : fils d’un peintre, ayant grandi entouré d’art, il a suivi des études d’art dramatique, a travaillé dans le cinéma et la publicité avant de se consacrer aux arts visuels. « Je suis un être en mouvement, les expériences me modifient intérieurement et extérieurement », révèle l’artiste. Marco Laborda, comme ses collages, est lui-même en construction, un être en quête de nouveaux médiums d’expression. « J’aime à penser que, comme les collages, nous sommes tous composés de restes d’autres personnes : nos parents, nos grands-parents et tous ceux qui ont influencé notre vie et notre manière d’être. »  Des collages à l’instar de son créateur, mais aussi de tout humain, en construction permanente. Tout dans notre vie est en mouvement. Marco Laborda résume ainsi l’essence de son œuvre : « J’aimerais penser que ces collages transmettent la complexité d’être un être humain. Les bords, les vides, le mouvement constant que nous vivons. En fin de compte, nous vivons dans un état d’altération constante, que je ressens en moi. Aujourd’hui je ne suis plus le même qu’hier, j’évolue et je suis involutif dans d’autres cas. Le collage a cette particularité : on peut jouer avec les visages et les modifier. C’est pourquoi j’aime créer des figures incomplètes, en construction. » Finalement, comme un humain, « une œuvre d’art n’est jamais terminée, elle s’arrête simplement aux endroits intéressants ».

© Marco Laborda© Marco Laborda
© Marco Laborda© Marco Laborda
© Marco Laborda© Marco Laborda
© Marco Laborda© Marco Laborda
© Marco Laborda© Marco Laborda

© Marco Laborda / Vincent Urbani / Carlos Villarejo

Explorez
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
© Eimear Lynch
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
Ça y est, 2025 touche à sa fin. Dans quelques jours, un certain nombre d’entre nous célèbreront la nouvelle année avec éclat. À...
27 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
© Carla Rossi
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
24 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Tracey Vessey, extrait du film Trouble Every day, film de Claire Denis, Paris, 2001 © Rezo Productions
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Pour ce nouveau 7 à 9 de Chanel au Jeu de Paume, la scénariste et réalisatrice Claire Denis était invitée à revenir sur ses racines, ses...
22 décembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
© Ashley Bourne
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous rendons hommage à Martin Parr, vous dévoilons des projets traversés par l’énergie d’une...
21 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sofía Jaramillo : la neige comme espace de réappropriation
A New Team © Sofía Jaramillo
Sofía Jaramillo : la neige comme espace de réappropriation
Dans A New Winter, Sofía Jaramillo s’attaque à l’imaginaire figé des sports d’hiver. En revisitant les codes visuels du ski, la...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #539 : tout ce qui brille
© Jo Bradford / Instagram
La sélection Instagram #539 : tout ce qui brille
Pour fêter la nouvelle année, les artistes de notre sélection Instagram de la semaine posent leurs regards sur tout ce qui brille : feux...
30 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de coeur #570 : Fahad Bahramzai et Elisa Grosman
© Elisa Grosman
Les coups de coeur #570 : Fahad Bahramzai et Elisa Grosman
Fahad Bahramzai et Elisa Grosman, nos coups de cœur de la semaine, cherchent tous deux à transmettre des émotions par l’image. Le premier...
29 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
Emcimbini de la série Popihuise, 2024 © Vuyo Makheba, Courtesy AFRONOVA GALLERY
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
C’est l’heure du récap ! Au programme cette semaine : l’éclat ivoire des premiers flocons pour le solstice d’hiver, un retour sur la...
28 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine