Vincent Fillon et Ashkan Noroozkhani réalisent tous deux des portraits à leur manière. L’un capture le quartier City One à Hong Kong, et l’autre raconte l’histoire des femmes iraniennes. Voici nos coups de cœur #294.
Vincent Fillon
« Tout commence avec un lieu, que ce soit une forêt, un appartement, une cour d’immeuble, ou une ville. La narration se construit à partir de l’espace et celui-ci donnera la forme du récit »,
déclare Vincent Fillon. Diplômé de l’École nationale supérieure Louis Lumière, le photographe capture, depuis près de quinze ans, l’architecture. C’est à Hong Kong, dans la ville de Shatin, qu’il réalise City One. « Ce quartier est en développement constant, imposant et démesuré : 52 tours de logement quasi identiques qui accueillent près de 40 000 habitants », précise-t-il. Que signifie ce nom étrange ? City One est-elle une ville modèle ? Un havre de paix ? Les couleurs pastel des gratte-ciel se mélangent, dans la série de Vincent Fillon, et soulignent l’incroyable densité de l’île, due aux contraintes topographiques. Dans cet univers géométrique et étrangement surréaliste, le photographe interroge : que représente vraiment cet espace singulier ? « Passé le choc des premiers jours, City One laisse un souvenir ambigu, une ville vertigineuse et sereine, étourdissante et calme, effrayante et apaisante, dense et vide », conclut-il.
© Vincent Fillon
Ashkan Noroozkhani
Né à Téhéran en 1984, Ashkan Noroozkhani a découvert la photographie à 20 ans, au sein de l’Association des jeunes Réalisateurs. Aujourd’hui, sa pratique est inspirée par « le rapport entre l’homme et l’espace – qui peut prendre une forme historique ou sociale – et l’action de tourner l’appareil vers l’angle mort », explique-t-il. Sa série Grey est née suite à une rencontre avec Vida Hajebi, écrivaine et activiste iranienne. « Elle était pour moi la représentante de toute une génération de femmes avant-gardistes », précise l’auteur. Son projet grandit alors, au fil de ses échanges avec ses modèles. Une série de portraits riches et passionnants. « Historiquement, il s’agit d’un moyen puissant d’éterniser la mémoire des figures importantes d’un peuple, les bien-aimés d’une famille… Le portrait photographique sait capturer les facettes psychologiques et sociales de son sujet », ajoute l’artiste. Avec délicatesse, ce dernier peint l’évolution de la place des femmes et leur chemin vers l’émancipation en Iran.
© Ashkan Noroozkhani
Image d’ouverture : © Vincent Fillon