Les coups de cœur #327

08 février 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #327

Pour Shervine Nafissi et Alyssa-Naïs Tourte, nos coups de cœur #327, photographier est un souffle de liberté. Le premier se sert du médium pour capturer son intimité, et la seconde réalise le portrait d’une fière communauté LGBTQ+.

Shervine Nafissi

Docteur en droit, c’est suite à l’arrêt soudain d’un stage d’avocat que Shervine Nafissi, 35 ans, s’est tourné vers la photographie. « En somme, j’ai opéré un basculement d’un monde cartésien, trop rationnel, vers celui du 8e art, qui me laissait le champ libre à toutes les possibilités, et me permettait de créer sans limites, d’apporter un peu de poésie dans mon quotidien », explique-t-il. Pour l’auteur d’origine iranienne, le médium s’est imposé comme un souffle de liberté, lui permettant de travailler son attrait pour l’esthétisme, de raconter des histoires, et de romancer son intimité. « Mon approche s’inspire de la photographie vernaculaire. J’aime capturer la banalité de ce qui m’entoure. La série Noora a d’ailleurs été shootée entièrement dans mon appartement », poursuit-il. Un projet personnel, initié suite à la naissance de sa fille, âgée aujourd’hui de six mois. « Noora signifie lumière. Je voulais que celle-ci devienne le fil rouge de mes images – qu’elle soit naturelle ou artificielle. C’est aussi le symbole de la présence de notre enfant dans notre vie, puisqu’elle donne à voir une multitude d’objets lui appartenant », confie le photographe. En jouant avec des clairs-obscurs picturaux, Shervine Nafissi dédie à sa fille un conte enchanteur. Éclairés par les rayons solaires, les différents éléments des clichés évoquent des natures mortes d’un autre temps, dédiées, affectueusement, à l’être qui lui est le plus cher.

© Shervine Nafissi© Shervine Nafissi

© Shervine Nafissi

© Shervine Nafissi© Shervine Nafissi

© Shervine Nafissi

© Shervine Nafissi

Alyssa-Naïs Tourte

« Depuis cinq ans, je m’oriente vers l’argentique et le Polaroïd. J’aime ce temps de latence entre le moment de la prise de vue et la découverte des images. J’apprécie leur côté tangible, organique, surprenant, et parfois imparfait. La photographie demeure pour moi une nécessité instinctive, je réalise des images lorsque je me sens en terrain inconnu – face à des lieux ou des personnes. Mon boîtier apparaît alors comme un outil d’exploration, une manière d’apprivoiser »

, confie Alyssa-Naïs Tourte. Diplômée de l’École de photographie contemporaine BLOO, l’artiste, née en 1993, réside aujourd’hui à Toulouse, où elle perfectionne son écriture visuelle. Au cœur de son travail ? L’humain. « Les questions du corps, de l’identité, de la sexualité me sont chères. J’ai notamment repris ces explorations depuis que j’habite ici – Toulouse possède une population LGBTQ+ très dynamique », précise-t-elle. Fascinée par les hommes, Alyssa-Naïs Tourte aime interroger notre réaction à la pudeur, à l’intimité. Dans ses portraits, ses modèles semblent défier l’objectif. Mis à nu, parfois littéralement, ils révèlent, sans crainte, leur vulnérabilité. Une collection d’images fortes donnant à voir la beauté et la fierté d’une génération non normée.

© Alyssa-Naïs Tourte© Alyssa-Naïs Tourte

© Alyssa-Naïs Tourte

© Alyssa-Naïs Tourte© Alyssa-Naïs Tourte

© Alyssa-Naïs Tourte

© Alyssa-Naïs Tourte

Image d’ouverture : © Alyssa-Naïs Tourte

Explorez
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici révèlent les corps et dénoncent les injonctions que nous leur collons. Ils et...
26 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
© Naïma Lecomte / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Naïma Lecomte. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste présente Ce qui borde à Planches...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
© Lalitâ-Kamalâ Valenta
Les coups de cœur #566 : Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan
Lalitâ-Kamalâ Valenta et Kordélia Phan, nos coups de cœur de la semaine, documentent des univers spécifiques. La première s’intéresse à...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
© Grant Harder
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature, et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 24 novembre 2025 : héritage, métamorphose et nature
Anish © Arhant Shrestha
Les images de la semaine du 24 novembre 2025 : héritage, métamorphose et nature
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent d’héritage et de métamorphoses, et vous offrent même une autre...
30 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
Rikka, la petite Balinaise, Fernand Nathan, Paris, 1956 © Dominique Darbois, Françoise Denoyelle.
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Fury, l'univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Sans titre #90, Campus Univers Cascades, 2023, extrait de la série Fury, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Marie Quéau / ADAGP, Paris, 2025
Fury, l’univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Jusqu’au 8 février 2026, Marie Quéau, cinquième lauréate du prix Le Bal/ADAGP de la Jeune Création, présente Fury. Dans cette exposition...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger