Les coups de cœur #418

05 décembre 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #418

Bleu nuit, nuées de rouge vermeille, ondes de rose… Elsa Barré et Sofia Lambrou, nos coups de cœur #418, composent avec les couleurs pour créer une symphonie visuelle. L’une s’amuse des aliments et du monde vivant, quand l’autre capture les apparitions dans la pénombre.

Elsa Barré

« Mon univers artistique est coloré, expressif et authentique. Dans une démarche à la fois cinématographique et théâtrale, j’étudie l’humain. Les couleurs me permettent d’exprimer mes pensées et m’aident à libérer mes émotions et sentiments »

, déclare Elsa Barré. Originaire de Bretagne et dorénavant installée à Paris, la photographe s’est tournée vers le médium à l’adolescence en s’initiant à l’autoportrait. Très vite prise au jeu de la mise en scène, elle s’est petit à petit concentrée sur les natures mortes pour leur conférer un caractère surréaliste. Inspirée par le cubisme de Picasso, ou par les tragi-comédies de Pedro Almodovar, Elsa Barré détourne la réalité au profit d’un art symbolique. Conservant un lien fort avec l’environnement et curieuse d’explorer les matières et les textures du vivant, elle se plaît à composer avec les aliments pour leur donner une seconde vie poétique, presque picturale. « J’aime que le produit brut se réincarne en quelque chose d’exceptionnel. Je lui octroie un autre sens, une réalité irréelle ». Une poire imbibée d’une liqueur bleue Klein, un œuf paré d’une broche précieuse, une feuille tropicale aux courbes picturales… Dans ses expériences photographiques l’abstraction a tous les droits et s’aventure parfois dans les confins du spirituel.

© Elsa Barré© Elsa Barré
© Elsa Barré© Elsa Barré
© Elsa Barré© Elsa Barré

© Elsa Barré

Sofia Lambrou

« Les images qui me fascinent sont souvent celles qui révèlent ce que l’on dissimule. Celles qui dévoilent une réalité de prime abord invisible. C’est une ode à l’imperfection.Le portrait est un lien intime qu’on noue avec un sujet à un instant T. Figés en une fraction de seconde, les liens les plus robustes sont souvent ceux qui disent beaucoup avec peu. Par beaucoup, j’entends la complexité d’un monde intérieur, d’une histoire qui fait écho à la nôtre, qui nous connecte à ce qu’on a d’humain. Par peu, j’entends les symboles qu’on va choisir d’invoquer dans notre image pour suggérer l’histoire que l’on souhaite raconter »

, confie Sofia Lambrou. Née à Bruxelles d’une mère espagnole et d’un père grec, la photographe autodidacte et designer multimédia a nourri une fascination pour le médium via la figure de son grand père photographe. Conçu originellement comme un moyen de se connecter à ses racines et à son intériorité, le 8e art est également devenu une manière de se réconcilier avec le monde et de nouer des liens intangibles avec ce dernier. « Je veux faire dialoguer onirisme et portrait documentaire. Procédés anciens et imagerie moderne. Ce qui m’anime c’est d’exprimer le surréalisme de nos moments les plus ordinaires. Raconter ce qu’il se passe à l’intérieur. Je souhaite que mes photos soient des traits d’union intimes entre la personne qui regarde et celle qui est regardée. » Influencée par les arts picturaux et littéraires, l’artiste s’immisce dans l’effervescence du monde de la nuit, là où les pudeurs et les frontières sont « laissées sur le pas de la porte », pour sublimer symboliquement les fusions désinhibées qui s’y opèrent. Dans ses « cor(ps)tèges de couleurs » – comme elle aime à nommer ses images – Sofia Lambrou déshabille la lumière, laisse s’éveiller les attirances, s’opérer les unions pour qu’enfin les corps s’embrassent et s’embrasent dans un tumulte joyeux et lascif.

© Sofia Lambrou© Sofia Lambrou
© Sofia Lambrou© Sofia Lambrou
© Sofia Lambrou© Sofia Lambrou

© Sofia Lambrou

Image d’ouverture © Sofia Lambrou

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