D’inspiration divergente, Hugo Lebrun et Filip Machac, nos coups de cœur #425, injectent tous deux une dose d’imaginaire dans l’image. L’un révèle la poésie cachée d’instants humains. L’autre sublime la part d’irrationnel dans notre ordinaire.
Hugo Lebrun
« Ce qui me plaît au travers d’une image, c’est de suggérer des sensations, tenter de raconter ce qu’on ne voit pas en s’appuyant sur le réel. La poésie d’une écriture qui chuchote fait appel à des souvenirs enfouis au fond d’une expérience sensible »
, confie le photographe Hugo Lebrun. Membre du Studio Hans Lucas, l’artiste partage son travail entre reportage, portrait et documentaire. D’abord journaliste pour la presse écrite, il a finalement choisi de consacrer son quotidien au 8e art, une discipline de cœur transmise par son père. Grâce à lui, il y découvre « le langage de la lumière, de la rythmique des lignes, de la poésie des détails et de la force des souvenirs qu’on peut fabriquer », des aspects symboliques qu’il continue de célébrer au travers de son œuvre. Que ce soit dans le calme d’une après-midi pluvieuse au bord d’un lac, dans l’aube orangée d’une croisière en mer ou à travers la vue panoramique d’horizons verdoyants, les clichés d’Hugo Lebrun subliment l’attente d’un moment d’émerveillement. Une vague d’empathie nous emporte alors et l’histoire racontée devient celle que l’on vit par procuration. « Ce qui me plaît, c’est la possibilité que l’on a de faire agir son imagination sur l’image que l’on va construire, souvent en captant les petits instants d’abandon, où le sujet lâche prise sur sa posture, au travers d’un relâchement ou d’un instant de rêverie. Les portraits qui me touchent le plus sont souvent ceux qui nous échappent et laissent fuiter un petit secret », conclut-il.
© Hugo Lebrun
Filip Machac
Né dans une petite ville de République tchèque, Filip Machac s’est pris d’amour pour la photographie après des études de philosophie. Aujourd’hui installé à Berlin, ville dans laquelle il a appris à maîtriser le médium à travers la street photography, l’artiste construit un univers autonome où la nature et les figures humaines s’illuminent sous des flashs étincelants. « Je ne me sens pas comme un photographe de rue qui est toujours à la recherche d’une image ou d’un moment décisif. J’ai plutôt l’impression que ce sont les photos elles-mêmes qui me chassent. Je crois qu’au bout du compte, on peut faire un bon cliché de tout. Cela dépend juste de la perspective, de la façon dont vous regardez les choses. C’est une sorte d’alchimie pour moi. » Inspiré par des réalisateurs surréalistes du 7e art, comme Louis Buñuel, Alejandro Jodorowsky ou Fernando Arrabal, le photographe porte une attention particulière à l’instant où l’irrationnel s’empare du présent. Un croissant de lune embrassant le crépuscule, les océans qu’on traverse à pied ou les champs de coquelicots en bord de route… C’est précisément par-delà le réel que les paysages de l’artiste entendent s’aventurer. Car pour Filip Machac, « la photographie ou l’art, brise [l]es schémas et [offrent] un nouvel accès aux choses ».
© Filip Machac
Image d’ouverture © Filip Machac